n Bourgogne, la vendange de certains viticulteurs se réduit comme peau de chagrin. Sur les parcelles les plus touchées par l’enroulement viral de la vigne, ils enregistrent des pertes de rendement allant jusqu’à 60%.
« La maladie progresse. Comme pour la flavescence dorée, nous ne réussirons à la contenir que si nous agissons de manière collective » assure Héloïse Mahé, coordinatrice technique au Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) et partenaire du projet Lutenvi qui démarrera en février 2021.
Le groupe Jeunes de La Chablisienne l’a bien compris. Animateur de Lutenvi sur l’Yonne, il n’a pas attendu le lancement officiel du projet pour mobiliser les troupes. Le 7 octobre, il a déjà réuni une soixantaine de viticulteurs, adhérents ou non à la coopérative, sur le coteau de Courgis.
« L’objectif était de tous se rencontrer et de profiter de cette période de forte expression de la maladie pour apprendre à reconnaître les symptômes de l’enroulement souvent confondus avec la jaunisse. Nos confrères alsaciens et champenois sont venus nous aider » détaille Héloïse Mahé.
Dès l’année prochaine, les viticulteurs prospecteront les 40 hectares de ce coteau. Ils ne pourront pas tout faire à pied et seront épaulés par les drones de la société Chouette. « Comme il n’existe pas de solution curative, ils devront arracher les pieds touchés. Même s’ils n’expriment pas de symptômes, les pieds voisins pourront aussi être contaminés » prévient la coordinatrice technique du BIVB.
Les partenaires cartographieront aussi la présence des cochenilles vectrices du virus. « La vigne n’est pas leur terrain privilégié mais elles s’y rabattent quand tout devient sec autour, regrette Héloïsé Mahé. Et elles sont favorisées par la baisse des traitements insecticides. » Les viticulteurs pourront planter des haies brise-vent pour limiter leur installation.
« Nous conduirons une seconde opération de prospection dans des parcelles au profil différent et entourées par des bois. A la fin du projet, nous devrions avoir une meilleure idée du pourcentage du vignoble touché par le virus et être mieux armés pour le stopper » espère Héloïse Mahé.
Doté d’un budget de 500 000€, Lutenvi fait partie des projets de recherche du Plan National contre le dépérissement du vignoble. Il est coordonné par l’Institut français de la vigne et porté par le BIVB, l’Inrae, le comité Champagne, le Comité interprofessionnel des vins d’Alsace, la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, la société Chouette et le groupe jeune de La Chablisienne. Lutenvi prend la suite du projet Géenvi initié en Alsace et en Champagne en 2018.