A titre exceptionnel et afin de répondre à la situation de crise de la filière viticole résultant de la crise covid-19, la disposition […] du cahier des charges […] "les vins sont issus de raisins récoltés manuellement" ne s'applique pas pour la récolte 2020 » annonce l’arrêté du 7 août dernier pour les appellations Beaumes-de-Venise, Muscat de Beaumes-de-Venise et Cairanne. Au niveau national, seules ces trois appellations ont pris de telles dispositions rapporte Caroline Blot, la responsable du pôle vin, boissons spiritueuses et cidre de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO). « Il n’y a pas beaucoup d’AOC à avoir l’obligation de vendanges manuelles en côtes du Rhône méridionale (Châteauneuf-du-Pape, Cairanne et Beaumes-de-Venise…) » note Jean-Paul Anrès, le président du Conservatoire des AOC de Beaumes-de-Venise.
Alors que le millésime 2020 est particulièrement précoce, ces trois appellations ont posé une demande exceptionnelle de recours à la vendange mécanique pour pallier un risque de manque de saisonniers. « Notre main d’œuvre vient souvent d’Espagne et du Portugal, nous craignons une fermeture des frontières et de ne pas pouvoir vendanger au moment optimal faute de main d’œuvre » explique Jean-Paul Anrès, qui fait été de craintes justifiées par le rebond actuel de la pandémie de coronavirus. « Et même s’ils trouvaient des vendangeurs, le problème reste de savoir comment les loger dans le respect des mesures physiques pour éviter l’apparition d’un cluster » pointe Caroline Blot, qui note une demande exceptionnelle (déposée au comité national de juin dernier et mise en consultation).
Pour l’appellation Cairanne, cette dérogation à l’obligation de vendange manuelle tient de la prolongation. L’obtention du cru pour le millésime 2015 s’accompagnant d’une dérogation de cinq ans permettant l’usage de la machine à vendanger sur ses 850 hectares de vignes (cliquer ici pour en savoir plus). Pour les appellations de vin rouge et de vins doux naturel de Beaumes-de-Venise (respectivement 700 et 300 ha), cette dérogation ne pourra pas être la règle dans tout le vignoble, faute de machines à vendanger et de vignoble adapté. « Peu d’exploitations ont leur propre machine à vendanger, beaucoup font appel à des entrepreneurs. Dans certains endroits, les machines ne peuvent même pas arriver à la parcelle. Dans les côteaux on continuera à la main » souligne Jean-Paul Anrès, qui estime « à la louche » que 20 à 30 % des surfaces de Beaumes-de-Venise seront récoltées à la machine ce millésime 2020.
Un bilan de ces récoltes mécaniques sera réalisé en fin d’année, le syndicat viticole étant prêt à envisager le recours à la récolte mécanique. « Au vu de l’amélioration technique des machines à vendanger, nous ne sommes pas fermés à cette réflexion. Cela peut être intéressant pour ramasser certaines parcelles tôt le matin, alors qu’il y a moins de besoin de tri avec l’amélioration sanitaire des raisins » conclut Jean-Paul Anrès.