n perturbant le cycle asexuel du mildiou, les cépages résistants freinent sa multiplication dans les feuilles et l’apparition de symptômes. Malheureusement, ils sont sans effet sur le cycle sexuel du champignon, celui qui lui permet de passer l’hiver et de générer de nouvelles contaminations primaires au printemps.
« A l’Inrae de Bordeaux, mes collègues François Delmotte et Laurent Delière se demandaient si de petites tâches de mildiou présentes à l’automne sur des feuilles de vignes résistantes pouvaient avoir des conséquences sur l’apparition de la maladie l’année suivante » expose Lionel Delbac, entomologiste à l’Inrae. « J’ai mis en place des essais, qui le leur ont confirmé. »
A l’automne, Lionel Delbac a prélevé des feuilles présentant des tâches mosaïques et des œufs de mildiou sur quatre cépages. « J’ai choisi le merlot, en tant que témoin sensible, une vigne pourvue du gène Rpv1, dérivée des travaux d’Alain Bouquet, une vigne dotée du gène Rpv3, dérivée du regent, et une vigne polygénique Rvp1/Rvp3 issue du programme Inra Resdur 1 » détaille-il.
Le chercheur a découpé de petits disques foliaires, qu’il a placés dans des tubes et enterrés dans le sol en octobre.
En avril, il a constaté que les œufs d’hiver étaient capables de germer sur tous les cépages. « Après le merlot, c’est sur les feuilles de la vigne dotée du gène Rpv1 que j’ai observé le plus macrosporanges, surement parce que ses concentrations en calcium sont supérieures, alors qu’à l’automne, le cépage dérivé du regent, dont les feuilles sont moins épaisses, présentait davantage de symptômes » détaille Lionel Delbac.
Il a ensuite artificiellement projeté ces macrosporanges sur des feuilles de cabernet-sauvignon. « J’ai observé des contaminations primaires dans tous les cas, témoigne-t-il, avec des taux de réussite plus ou moins élevés. »
Que nous enseignent ces essais ? « Si pour l’heure, les variétés résistances limitent les cycles asexués et les dégâts causé par le mildiou au printemps et à l’été, le fait qu’il soit capable de passer l’hiver augmente ses chances de muter et de contourner la résistance » prévient Lionel Delbac.


Ses conseils ? Continuer à appliquer un ou deux fongicides autour de la floraison, que ce soit avec des produits bio ou conventionnels. « Cela permettra aussi de contrôler le black-rot ou l’anthracnose, une maladie que l’on avait oubliée mais dont j’entends de plus en plus reparler » affirme-t-il.
D’autres pistes émergent, telles que l’utilisation des stimulateurs de défense de la plante. « Et, dès la rentrée, le Vinopôle de Bordeaux se lance dans des recherches pour trouver des systèmes permettant de retirer les feuilles mortes à l’automne, tels que les aspirateurs. Cela éviterait tout risque de recontamination » annonce Lionel Delbac.