n ce début d’après-midi, les grilles de la maison des vins d’Alsace, siège de l’interprofession (Civa) et de l’Association des viticulteurs d’Alsace (Ava), étaient closes et les bâtiments vides de tout personnel. Mais la mobilisation « spontanée » déclenchée par le bouche à oreille selon les porte-parole improvisés du mouvement, a déplacé dans le calme plusieurs centaines de viticulteurs de tous bords, vendeurs de raisins comme vignerons indépendants.


Leur crainte ? Que l’AVA dont la réunion en visioconférence du conseil d’administration était prévue le soir même ne confirme la baisse de rendement 2020 à 60 hl/ha, une baisse de 20 hl/ha sur 2019. « Nous n’accepterons pas moins de 70 hl/ha en blancs tranquilles, 75 hl et 5 hl de VCI en crémant ! » assène au porte-voix Michel Froehlich, vigneron indépendant sur 12 ha à Ostheim. Il explique : « à 60 hl et un raisin payé 1,60 €/kg, 93 % des exploitations d’un échantillon de 86 ne seraient plus viables. A 1,80 €, elles seraient encore 74 % à ne pouvoir supporter cette diminution. Ceux qui peuvent vendre doivent pouvoir produire ! ». « Ce n’est pas en produisant moins que nous créerons la pénurie. Le résultat sera seulement une perte de marché et de valeur » lance un autre intervenant. « 60 hl c’est suicidaire ! » résume un dernier sous des applaudissements nourris.
Jérôme Bauer, président de l’Ava avait décliné l’invitation à prendre part à la manifestation Il a promis une rencontre avec une délégation emmenée par Michel Froehlich. La proposition de 60 hl/ha de l’Ava (qui est aussi la ligne officielle des vignerons indépendants du Synvira) est un compromis entre les positions du négoce, partisan pour résoudre la crise d’un rendement de 50 hl/ha assortis de 15 hl/ha bloqués à la vente et de la coopération qui réclame au moins 70 hl/ha.
« Une mauvaise décision = mort de la profession » proclamait la banderole fixée pae les manifestants aux grilles de la maison des vins d’Alsace.
La Région Grand Est a concocté un plan de soutien au vignoble alsacien. Selon Jean Rottner, son président, cette enveloppe « pourrait atteindre 7,7 M€ » et demandera « l’engagement financier de l’interprofession » [le Civa]. S’ils veulent en bénéficier, les entreprises devront se retrousser les manches pour renforcer leur promotion et leurs ambitions commerciales, notamment à l’export, investir dans la transition environnementale et numérique, l’œnotourisme et la valorisation patrimoniale. Un volet de ce plan visera aussi à leur donner accès à un diagnostic-conseil de gestion et de stratégie.