’ozone est une molécule qui a un fort pouvoir oxydant et qui est peu rémanente. Elle a des propriétés désinfectante et antifongique. Ce 11 juin, l’école d’ingénieur de Purpan en collaboration avec Agri Sud-Ouest Innovation a animé un webinaire pour faire le point sur l’utilisation de l’ozone comme alternative aux traitements phytosanitaires. In vitro ça marche ! Les chercheurs de Purpan au sein de la plateforme Toast ont notamment démontré l’efficacité de traitements à l’eau ozonée en laboratoire contre l’oïdium et contre Phaeoacremonium aleophilum, l’un des champignons impliqués dans les maladies du bois. Olivier Yobrégat, de l’IFV Sud-Ouest a aussi obtenu des résultats intéressants avec l’emploi de l’eau ozonée pour éliminer les champignons comme botrytis ou phomopsis lors du process de fabrication des plants de vigne.
Mais sur vigne en place, en milieu ouvert, ça se complique. Henri Schoepfer, viticulteur en Alsace teste les traitements à l’eau ozonée depuis 2013. Il les applique avec un ozoneur de la société Agriozein basée aux USA. Il réalise quatre applications avant fleur puis trois applications après fleur. Il protège la fleur avec du cuivre et du soufre. Il est plutôt satisfait des résultats qu’il obtient « La qualité du feuillage est améliorée après le traitement à l’ozone. En faisant un traitement juste avant la vendange, on rentre un raisin moins chargé en moisissures, en particules organiques. Il y a moins de dérive organoleptique », a -t-il assuré. Quid d’éventuelles pertes de récolte a demandé un participant ? « Aucune maladie cryptogamique ne s’est installée. Je n’ai pas eu de pertes de récolte ». Mais lors de sa présentation, il a reconnu que compte tenu de l’absence de rémanence, il a subi l’an passé une défoliation précoce car il a arrêté les traitements trop tôt. La protection de la vigne étant basée sur des traitements préventifs, cette absence de rémanence est une difficulté. « L’ozone peut permettre d’arrêter une contamination en cours. Mais n’a pas de rémanence. Il faudra voir comment on peut l’intégrer dans les itinéraires », ont expliqué les chercheurs.
Mais le principal problème qu’Henri Schoepfer et les chercheurs ont souligné est la perte d’ozone entre la sortie de la buse et l’arrivée sur le feuillage, ce qui réduit l’efficacité des traitements. En effet, lors de la pulvérisation en milieu ouvert, il se produit un phénomène de désorption. Et plus la distance entre les buses et la cible est grande, plus ce phénomène de désorption est important. Une difficulté sur laquelle se penche aujourd’hui les chercheurs. « Les buses qui équipent les pulvérisateurs du marché ne sont pas adaptée à l’application de l’eau ozonée », ont-ils expliqué lors du webinaire. Ils en ont testé plusieurs dizaines mais aucune n’a permis un apport efficace d’eau ozonée. Le programme de recherche Solstice porté par la société Belchim et d’autres partenaires vise à étudier ce phénomène de désorption. « Les résultats permettront d’envisager une exploitation efficace du potentiel de l’ozone, ce qu’aucun matériel disponible actuellement n’est en mesure de faire », a indiqué Purpan dans un communiqué avant le webinaire.