près plus de deux mois de confinement et quasiment un mois de déconfinement, « les cavistes sortent de cette crise renforcés et ils peuvent être fiers d’eux » rapporte Nathalie Viet, la déléguée générale du Syndicat des Cavistes Professionnels. Ayant sondé ses adhérents, l’experte du réseau reconnaît qu’il y aura de la casse (notamment pour les cavistes éloignés des zones d’habitation ou se trouvant dans des endroits touristiques à l’arrêt), mais souligne que la crise du coronavirus agit en révélateur de la force du réseau des cavistes. Ainsi qu’en accélérateur des changements, de la digitalisation à la professionnalisation des ventes.
Malgré un moral mis à mal pendant le confinement, « les cavistes restés ouverts ont sauvé les meubles en répondant aux demandes du moment (voir encadré) et en trouvant des façons de contourner les peurs de contamination. Testées, les techniques de ventes alternatives par click & collect, commandes téléphoniques et livraison à domicile ont permis de bien gérer la fin du confinement. Les cavistes ont soulevé des montagnes et ont démontré que leur métier n’est pas celui de simple sélectionneur et intermédiaire » souligne Nathalie Viet, pour qui les cavistes sont des commerçants dont la valeur ajoutée apparaît dans l’acte de vente, grâce à la relation client nouée.
Depuis fin mai, la majorité des cavistes affichent des résultats exceptionnels. « Comme si Pâques arrivait tous les jours » note Nathalie Viet, pour qui « les cavistes restés ouverts ont gagné des clients en confirmant leur positionnement de commerce de proximité ». Cette forme d’euphorie est visible à Paris et en province, et se poursuit début juin avec la succession habituelle des week-ends d'été et de fêtes des mères/pères.


Si la question des réapprovisionnements auprès des vignerons se pose, celle des conséquences du confinement également. « La période a confirmé la valeur de la relation entre vignerons et cavistes. Mais des relations ont été fragilisées et cassées avec des domaines qui n’ont pas été à la hauteur » note Nathalie Viet, rapportant des cas qui restent exceptionnels mais où « des tarifs ont été bradés, avec des tentatives de court-circuitage pour des ventes rapides en ligne. On peut comprendre l’effet de panique pour déstocker en accédant directement aux consommateurs, mais les cavistes ont la mémoire de ceux qui ont cassé les prix sans penser aux réseaux en place. »
D'après les échos du terrain, Nathalie Viet remonte plusieurs étapes d'achats chez les cavistes pendant le confinement : d’abord une logique de stockage de précaution avec les achats de BIB, puis la consommation de bouteilles accessibles pour égayer la routine du confinement, ensuite le début de la saison des rosés s'est lancé avec la météo estivale, puis un réachat de spiritueux suite à la consommation des caves à domicile et enfin la préparation du déconfinement avec des achats de retrouvailles. « La période a illustré la relation intime qui lie les cavistes à l’humeur de la société française. Nos univers de produits sont des vrais symboles culturels. La crise a confirmé l’attachement très fort des Français à la gastronomie et à tout ce qui participe à cet art de vivre, dont les bons vins » estime l’analyste.