vec 24 jours d'avance par rapport à 2019, sur chardonnay et pinot, l'année 2020 en Bourgogne bat jusqu'à présent tous les records de précocité. Le dernier bulletin technique de la Chambre d'agriculture de Côte d'Or signale qu'elle devance les millésimes 2011 et 2017, qui étaient jusqu'à présent les plus précoces enregistrés.
Au 20 avril, les parcelles les plus en avance dans les différents secteurs en étaient au stade 7-8 feuilles étalées, avec un stade moyen de « 5 feuilles étalées ». « L'an dernier à la même date, on en était au stade 2-3 feuilles étalées », signale Pierre Petitot, conseiller à la Chambre d'agriculture de Côte d'Or.


Un phénomène directement liée aux conditions météo exceptionnelles chaudes pour la saison, rendant la pousse très active partout, notamment durant la semaine du 13 avril : « La vigne a pris deux feuilles en une semaine », précise le bulletin.
Ce même rythme de développement a été constaté également en Champagne, et devrait se poursuivre jusqu'à la fin du mois, selon le dernier bulletin d'averstissements viticoles. L'avance mesurée y est actuellement de 10 à 12 jours par rapport à la moyenne décennale.
Conséquence pour les vignerons : « Tout se téléscope dans un contexte organisationnel rendu plus difficile par le corona virus, explique Pierre Petitot : pouvoir suivre les travaux en vert d'ébourgeonnage avec ce rythme d'enfer, traiter en espérant qu'il n'y ait pas de casse matériel du fait du service restreint des concessionnaires et qu'il n'y ait pas de salariés malades et indisponibles...»
Cette météo estivale a comme autre répercussion de créer un déficit hydrique qui commence à se faire sentir dans ces deux régions. En Champagne, Le niveau de Réserve Utile actuel correspond plus à celui constaté habituellement sur la fin mai.
S'il ne pleut pas d'ici fin avril, la Chambre d'agriculture de Côte d’Or recommande d’arroser les plantations et les complants dans les sols filtrants ou superficiels. « Un trou à la bêche permet de vérifier l’état de fraîcheur au niveau de la zone des racines et de retarder un éventuel premier apport d’eau », indiquent les conseillers.
Si cette sécheresse perdure, ils rappellent aussi le risque de carence en azote, magnésium, ou encore potassium, pour la vigne. « Les apports d'engrais organiques effectués cette année n'ont pas encore été dissous. Or à ce stade 5-6 feuilles, la vigne commence à puiser les minéraux dont elle a besoin pour assurer sa croissance », indique la Chambre d'agriculture 21. Ainsi, il est probable que certaines parcelles commencent à ralentir leur développement et à exprimer des feuillages vert-pâle ou jaunâtres dans les prochaines semaines. Autre risque possible : qu'une minéralisation en décalé aboutisse à une quantité d'azote minéralisé au moment de la floraison, entrainant un risque de coulure.
Du côté de la Champagne, les sols présentaient de façon générale, au 1er janvier 2020, une teneur en nitrates moyenne moitié plus faible que début 2019. Le bulletin alerte, de la même façon, sur le fait que la sécheresse des mois de mars et avril n’a pas permis de débloquer beaucoup d’azote minéral, compte tenu de la faible humidité des sols. Il est donc recommandé pour des parcelles à faible vigueur, faible profondeur de sol ou enherbées, un apport d'azote « rapidement assimilable ».
Illustration: carte du cumul des pluies sur les 40 derniers jours en France (en orange foncé, <5mm, soit des déficits par rapport à la normale de près de 95%, voire 100%: