Lumineux et fonctionnel, notre nouveau cuvier est classique et moderne à la fois. Son point fort est la gravité » pose Tristan Kressmann le président du château Latour-Martillac, inaugurant ce 9 mars les nouveaux chais et cuviers du cru classé de Graves. Après 18 mois de travaux, les nouvelles installations ont accueilli leur première vendange en 2019. Réceptionnés à l’étage, les raisins sont répartis dans leurs cuves tronconniques inversées par un cuvon mobile et suspendu. Au décuvage, les moûts sont transférés au sous-sol, dans le chai nouvellement creusé. « Nous avions un problème de place disponible pour travailler en sélection parcellaire. Nos 850 barriques sont désormais enterrées sous notre cuvier, nous travaillons en vertical » résume Loïc Kressmann, le directeur général du cru classé de 50 hectares.
Caressée depuis des années au sein de la famille Jean Kressmann, la volonté d’investir dans un nouvel outil de vinification s’est concrétisée en 2018, dans une conjoncture économique bien différente de celle actuelle. Alors qu’un membre de la famille Jean Kressmann indique un coût de 5,5 millions d’euros de travaux (ainsi que l’obtention de subventions), cet investissement tombe en pleine morosité commerciale pour les vins de Bordeaux. « C’estt un investissement mûrement réfléchi, mais nous n’avions pas prévu l’impact des taxes Trump, du coronavirus, du Brexit… Nous sommes sur une gamme qui n’est pas trop touchée actuellement, mais toute la filière est fragilisée. On sent un mou dans la distribution » constate Loïc Kressmann.
Alors que Loïc et Tristan Kressmann évoquent la volonté de lever le pied et de ne plus s’investir dans des projets aussi importants, la nouvelle génération de la famille Jean Kressmann porte les prochains défis d’avenir de la propriété. Comme Edouard Kressmann, le fils de Loïc Kressmann et responsable qualité et environnement du château Latour-Martillac, dont le premier objectif est l’obtention courant 2020 de la certification Haute Valeur Environnementale (HVE). « Nos démarches environnementales manquaient de formalisation, il faut les faire reconnaître pour les valoriser » indique l’ingénieur, qui souligne l’arrêt d’utilisation depuis cinq ans de phytos Cancérigènes Mutagènes et Reprotoxiques (CMR) et d’antibotrytis par la propriété. Entouré de riverains, l’outil de production du château Latour Martillac fait face à de nouveaux défis souligne Edouard Kressmann, qui suit de près le projet de charte de bon voisinage girondin.
Se projetant aussi dans l’avenir, Tristan Kressmann invite déjà ses metteurs en marché à noter dans leurs agendas 2030 le centenaire de l’acquisition de la propriété par sa famille.