remier vigneron français à commercialiser un vin IGP de cépage résistant l’an dernier, Mickaël Raynal innove de nouveau en annonçant ce printemps 2020 le lancement de « la première gamme IGP issue de cépages résistants en quatre couleurs » (blanc doux, blanc sec, rosé et rouge). Baptisées Esprit et Grain Rebel en IGP Comté Tolosan, ces nouvelles cuvées délaissent le monocépage et optent pour des assemblages à 85 % de cépages résistants aux maladies cryptogamiques (mildiou et oïdium) et à 15 % de cépages classiques (sauf pour le blanc doux à 100 % résistant).
Comme pour les vins traditionnels, l’exercice de « l’assemblage permet de complexifier le profil du produit, surtout pour des vignes résistantes jeunes (ayant au plus 10 ans) » explique Mickaël Raynal (domaine de Revel, 14 hectares avec 30 cépages différents). Son vignoble ayant été touché par le gel en 2019, la production est limitée : 1 000 bouteilles de rouge Grain’ReBel (85 % de cabernet cortis et 15 % de marselan), 1 000 cols de blanc sec Grain’Rebel (85 % de souvignier gris et 15 % de sauvignon gris), 8 000 flacons de rosé sec Esprit’Rebel (85 % de souvignier gris et 15 % de caladoc) et 2 000 cols de blanc doux Solaris (100 % solaris).


Devant être mis en marché ce début avril sur le réseau traditionnel, ces cuvées affichent des prix de vente conseillés de 6,95 euros en blanc sec et rouge, de 7,45 € en rosé et de 14,95 € pour le blanc doux. Par rapport aux gammes traditionnelles du domaine, « on est dans le même ordre de prix. Il faut faire connaître ces cépages en les laissant accessibles au grand public » explique Mickaël Raynal. Le vigneron ajoute que « ce n’est pas parce qu’il s’agit de cépages résistants que l’on doit les faire payer plus cher au consommateur. Au départ, l’investissement est plus important pour le vigneron, mais on économise sur le long terme une dizaine de traitements phytos par an. »
Ces économies peuvent cependant être considérablement réduites par des « défauts » dans la conduite de certains cépages : le port retombant et la forte production de pampres du solaris pèsent sur la conduite des parcelles, comme la sensibilité du muscaris au black-rot. « Ces premiers cépages résistants sont encore à améliorer » souligne Mickaël Raynal, qui est de plus en plus sollicité par les interrogations de confrères vignerons sur ces nouvelles variétés. « Tout cet intérêt est bénéfique. Plus ces cépages seront répandus, plus ils seront connus et mieux ils se vendront » souligne le vigneron, qui regarde avec intérêt les homologations de cahiers des charges d’autres IGP étendant les possibilités d’usage de ces cépages résistants (voir encadré).
Le Confédération des Vins IGP de France précise qu’actuellement huit cahiers des charges peuvent revendiquer des cépages résistants après la publication de leur arrêté d’homologation. Il s’agit des IGP de l’Atlantique, des Alpes-Maritimes, des Cévennes, des Coteaux du Pont du Gard, du Gard, de Pays d’Oc, du Val de Loire et du Var. Trois cahiers des charges sont actuellement en attente de la publication de leur arrêté d’homologation. Il s’agit des IGP Collines Rhodaniennes, Côtes Catalanes et du Vaucluse.