ous la bannière du Comté Tolosan, « nous proposons le premier vin de cépage résistant en IGP (Indication Géographique Protégée) » se réjouit Mickaël Raynal, le vigneron du domaine de Revel (14 hectares en conversion bio à Vaïssac, en Tarn et Garonne). Pas de vin expérimental en vin de France, mais une bouteille sous indication géographique. Une première confirmée par la Confédération des Vins IGP de France, qui attend de prochaines cuvées pour la récolte 2019, alors que les cahier des charges s’ouvrent à ces nouvelles variétés (voir encadré).
Marqué par le faible nombre de traitements nécessaires sur d’anciens hybrides (des ceps de Villard noir et blanc arrachés depuis), Mickaël Raynal travaille sur les cépages résistants depuis sa reprise du domaine familial en 2010. D’abord sur raisin de table, avec le muscat bleu, puis avec des surgreffages et plantations expérimentales de cépages résistants allemands, suisses et français (souvignier gris, voltis, floréal, vidocq…). Ce qui tient du parcours du combattant pour obtenir le matériel végétal et les autorisations administratives, mais n'a pas entamé la conviction du vigneron. « On essaie, on se trompe et on change » témoigne Mickaël Raynal, qui a ainsi écarté le cépage johanniter (« trop sensible au mildiou et n’arrivant pas à maturité sous nos climats »).
Convaincu que les cépages résistants constituent une réponse agronomique durable aux demandes sociétales de réduction des intrants viticoles, Mickaël Raynal a été convaincu par les bons résultats du souvignier gris (cépage classé définitivement par décret en 2017). Son hectare de cépage résistant allemand produisant des « vins résistants aromatiques ». Son domaine commercialise ce début juin 3 500 cols du vin blanc sec du millésime 2018, sous l’étiquette Grain de Revel et certifiés bio. Avec un prix vente conseillé de 6,70 euros, cette cuvée vise à terme 8 000 cols/an. Le domaine va lancer prochainement un vin doux du cépage résistant solaris, avec 1 000 bouteilles à 14,80 euros en IGP Comté Tolosan, issu d’une parcelle de 15 ares.
Visant le réseau traditionnel (cavistes, hôtels et restaurants), ces cuvées doivent répondre aux demandes du marché en vins sains et quasiment sans intrants. En 2018, Mickaël Raynal note que s’il a dû traiter 14 fois ses cépages classiques, il n’a réalisé que 2 à 3 traitements pour encadrer la fleur sur ces parcelles de vignes résistantes. Ces traitements au cuivre et au soufre lui permettant de réduire les risques de contournements des résistances (conformément aux principes de l’observatoire national des résistances, Oscar), mais aussi de lutter contre des maladies secondaires (notamment le black rot).
« Moi, j’y crois » conclut Mickaël Raynal, qui oriente son vignoble sur les cépages résistants et autochtones, pour avoir la plus grande palette d’adaptations techniques et aromatiques aux enjeux d’avenir. « Notre vignoble est soumis aux influences climatiques atlantiques et méditerrannéennes. Nous sommes autant soumis au mildiou qu’à l’oïdium » note le vigneron, qui ne compte pas arrêter ses expérimentations viticoles.
D’après les données de la Confédération des vins IGP, des demandes d’intégration de cépages à fin d’adaptation ont été validées pour les cahiers des charges des IGP Alpes Maritimes, Cévennes, Coteaux du Pont du Gard, Gard, Pays d’Oc et Var. Le dossier l’IGP Atlantique doit être complétée. Le prochain comité national vins IGP devrait étudier les demandes des IGP Ardèche, Val de Loire et Vaucluse. « Un travail est également en cours pour les IGP de l’Hérault » note Christelle Jacquemot, la directrice de la Confédération des vins IGP.