igné par l’Union européenne et le Vietnam au 30 juin 2019, l’accord doit donc être ratifié par le Parlement européen et, pour sa partie Protection des Investissements, par les Etats Membres. Deuxième accord de ce type entre l’UE et un pays du Sud-Est Asiatique, après celui avec Singapore, il prévoit une série de mesures en faveur des vins et spiritueux. L’Union européenne précise qu’après une période de transition de sept ans, les droits de douane sur les vins et spiritueux seront entièrement éliminés. Selon des données publiées par l’agence Ad’Occ, les droits de douane sur les vins tranquilles et effervescents s’élèvent actuellement à 50%, auxquels s’ajoutent des droits d’accise de 25% et 10% de TVA. Outre cette mesure, le Vietnam s’engage à supprimer certaines barrières techniques à l’intérieur du pays, ce qui devrait favoriser la distribution des vins et spiritueux. Pour les vins, l’accord prévoit qu’il n’appliquera pas de restrictions discriminatoires quantitatives ou qualitatives, que ce soit de manière horizontale ou verticale, au moment de la délivrance des licences de distribution. Par ailleurs, cinq ans après l’entrée en vigueur de l’ALE, le Vietnam éliminera l’examen des besoins économiques sur les points de vente, un test qui conditionne l’accès au marché.
Plus globalement, les autorités vietnamiennes s’engagent à faciliter la commercialisation des vins et spiritueux et à favoriser une concurrence plus équitable. A titre d’exemple, 86 Indications Géographiques de premier plan seront protégées suite à l’entrée en vigueur de l’accord. Parmi les exemples concernés, citons le Cognac, la Rioja, la Grappa et le Porto. Pour le Champagne, l’UE précise que l’appellation sera entièrement protégée au bout d’une période de transition de dix ans. Pendant cette période, toute utilisation jugée non conforme avec la protection de l’IG, y compris les traductions ou translittérations en écriture vietnamienne, sera progressivement éliminée. Enfin, la clause de non-modification contenue dans l’accord devrait faciliter l’utilisation de plateformes régionales par les exportateurs de l’Union européenne à des fins d’étiquetage, de reconditionnement et de réexpédition des produits, une disposition que le CEEV considère comme « indispensable » au modèle de distribution de vins européens dans la zone de l’ASEAN. « Dans le contexte actuel de commerce mondial, les entreprises vinicoles ont de toute évidence besoin de diversifier leurs marchés », a insisté Jean-Marie Barillère, président du CEEV, en faveur de la signature de l’ALE.
Le Vietnam ne figure certes pas parmi les toutes premières destinations de vins français à l’exportation mais son marché intérieur est dynamique avec un potentiel de développement significatif. Selon les données de Business France, en 2018 la France a y exporté des vins d’une valeur de 15,6 millions d’euros (devant le Chili avec 13,2 M€ et l’Italie avec 11,5 M€) pour un volume de 2,98 ML, derrière le Chili (5,33 ML) et devant l’Italie (2,42 ML). Au total, le Vietnam a importé des vins d’une valeur de 72,4 M€ en 2018 pour une consommation par habitant équivalente à 0,48 litre par an. La progression rapide des grandes surfaces, plébiscitées par les jeunes Vietnamiens, offre de nouvelles perspectives de développement du vin. Le circuit CHR est également très dynamique, affirme Ad’Occ, porté par un secteur touristique en pleine expansion. Enfin, le commerce électronique pourrait également s’étendre au Vietnam, à l’instar d’autres pays asiatiques, et devenir, là aussi, un nouveau créneau porteur pour les vins européens.