a canicule estivale aura eu raison des rendements ibériques 2019 : le ministère de l’Agriculture espagnole vient de réduire à nouveau ses prévisions de récolte. La vendange tomberait désormais à 38,1 millions d’hectolitres de vin, soit une baisse de 24 % par rapport à la généreuse récolte 2018 rapporte la Semana Vitivinícola. Si la filière espagnole accueille plutôt favorablement une baisse de sa production à court-terme, après une campagne de baisse de prix, elle salue d’autant plus les propositions gouvernementales d’encadrement de sa production de vins sans indications géographiques (VSIG), pour maintenir une valorisation à long-terme.


Cela peut sembler paradoxal, mais alors qu’il réduit ses estimations de récolte, le gouvernement espagnol dévoile également des mesures de limitation de la production de VSIG. « Le secteur du vin est soumis à une grande variabilité de prix, qui se traduit, chaque fois et de plus en plus souvent, par une forte pression sur la production de raisins de cuve. Cela est particulièrement le cas pour les VSIG produits sans les systèmes de régulations des vins d’appellation et de pays (AOP et IGP) » pose la feuille de route ministérielle, soulignant que l’Espagne exporte annuellement 22 millions hl de vin (dont 56 % en vrac).
Se basant sur les propositions de l’Organisation Interprofessionnelle du Vin d’Espagne (OIVE), le ministère de l’Agriculture propose quatre mesures pour « améliorer la stabilité et la qualité de la filière du vin et ajuster l’offre à la demande ». Visant un contrôle renforcé de la traçabilité des vins, la première mesure a déjà été mise en place avec l’extension de norme de l’OIVE, adoptée cet été, qui permet aux interprofessions espagnoles de rendre obligatoires de nouvelles mesures de suivi. Trois autres actions doivent être mises en place prochainement, à commencer par un renforcement des contrôles concernant la distillation des sous-produits viniques vont également être renforcés. Mis en place dès le premier novembre, ils doivent s’assurer qu’aucun de ces volumes n’est réutilisé pour la production de vins.
Plus délicates, les deux dernières mesures doivent être étudiées courant octobre, pour une application aux vendanges 2020. Il s’agit d’abord de définir des exigences minimales de qualité pour les raisins de cuves destinés aux VSIG. « Afin d’éviter que des vins de faible qualité soient produits, créant de grandes difficultés commerciales et pesant sur les stocks de fin de campagne » explique l’OIVE. La dernière mesure concerne la gestion de l’offre de VSIG, pour l’adapter à la demande lors d’années à la productivité exceptionnelle. Si le problème ne se pose pas en 2019, des outils sont à l’étude en Espagne, en se basant sur l’article 167 de la réglementation européenne de l’Organisation Commune des Marchés agricoles (OCM), qui ouvre la possibilité aux Etats-Membres d’imposer des normes de commercialisation pour réguler l’offre.