Devant être effective ce 18 octobre , la hausse américaine de 25 % des droits de douanes sur les vins tranquilles français embouteillés laisse les opérateurs osciller entre abattement incrédule face à la rapidité de sa mise en place (alors que les containers mettent 3 à 4 semaines pour traverser l’Atlantique) et espoir optimiste sur une annulation pure et simple (comme les menaces commerciales du président Donald Trump qui ne se sont pas concrétisées contre le Mexique). D’autres encore espèrent que ces mesures de rétorsions commerciales pourront permettre de basculant des expéditions françaises de vins embouteillés sur du vrac. Un espoir douché par les experts du marché mondial.
Inquiétant tous les exportateurs de France , la perspective de nouveaux tarifs douaniers aux Etats-Unis ne devrait pas être une opportunité à court terme pour les vins non conditionnés. « Le marché américain n’est pas conséquent pour les vins en vrac de France. Je vois mal des transformations importantes se faire, ce serait difficile de substituer rapidement des volumes de bouteilles vers du vrac, alors qu’il y a peu de lignes de conditionnement sur la côte Est qui serait la plus consommatrice » pose le courtier Florian Ceschi, le directeur de l’antenne européenne du cabinet Ciatti. Sur la côte Ouest des Etats-Unis, le marché du vrac est en effet saturé, et loin d’être demandeur de vins étrangers.


« La situation est très compliquée en Californie. Il y a une vraie surproduction de vins depuis 2017 » rapporte le courtier Daniel Murphy, à la tête de Murphy Wine Company. « Il y a des problèmes pour rentrer le millésime 2019, avec un fort manque de cuverie. Dans cette situation, les solutions américaines sont plus radicales que celles européennes. C’est une autre culture. Il n’y aura pas de récolte de raisins sur certains vignobles » témoigne l’expert. Qui prévoit une gestion des stocks de vin par leur écoulement sous des qualités génériques et la distillation. L’arrachage pouvant être de nouveau de rigueur dans certains vignobles peu valorisés.
Multifactorielle, cette crise californienne est la résultante d’une offre pléthorique et d’une demande de moins en moins dynamique sur les entrées de gamme. Face à la croissance des cuvées premiums, le segment des bouteilles vendues moins de 9,90 $ est en berne (soit 9 €/col). Un diagnostic qui transparait dans la volonté du groupe Constellation Brands de céder 30 de ses marques d’entrée de gamme. Se positionnant principalement sur les vins premiums et ultra-premiums, l’offre française pourrait-elle alors ne pas être affectée par une hausse des taxes douanières ?


« On peut se dire que la valorisation des vins français les préservera. Et avec le système de distribution américain des trois tiers, on peut aussi avoir des intermédiaires qui réduisent leurs marges pour rester attractifs » analyse Florian Ceschi. Qui se veut optimiste face aux incertitudes : « cela fait une semaine que l’on rassure nos clients français [sur ce sujet]. Mais entre ce qui est annoncé un jour par le président Donald Trump et ce qui mis en place le lendemain par son gouvernement, il reste encore des points en suspens. Tout reste possible. »