e marché des AOP Languedoc rouges s’essouffle. Alors que sur les sept dernières campagnes, les prix étaient en hausse constante, le net recul des transactions cette année fait craindre un retournement de tendance. A fin avril, les volumes commercialisés sont en retrait de de 36% par rapport à la campagne précédente : seuls 278 000 hl ont été contractualisés contre 435 000hl l’an dernier à la même époque. La bonne performance des AOC rosés qui, elles sont en croissance de 28% en volume (+34 000 hl), ne compense pas le recul des rouges. Toutes les AOC rouges sont à la peine, mais les Corbières, 1ere AOP rouge du Languedoc en volume, est plus particulièrement touchée.
D’après le CIVL, les volumes disponibles en AOP Corbières à mi-mai représentent 13 à 14 mois de stock. « Ça commence à devenir inquiétant. Nos prix sont pour le moment restés fermes (134 €/hl), mais les transactions concernent surtout les vins premium et moyen de gamme. Les entrées de gamme peinent à trouver preneur. Nous travaillons à la montée en gamme de notre appellation avec la création de quatre dénominations géographiques complémentaires, mais c’est une démarche qui prend du temps », confie Daniel Sendrous, président de l’ODG. Comme les autres AOP rouges françaises, les AOP rouges du Languedoc souffrent du déclin des ventes dans la GD française. A la cave Terre d’Expression à Fabrezan, le directeur Benoît Fillaquier constate un net ralentissement dans les retiraisons. « Il a été plus laborieux de vendre nos rouges AOP Corbières en vrac cette année. Certains clients ont diminué leurs volumes. Mais ce qui est plus inquiétant c’est le ralentissement des retiraisons. Depuis décembre, tous vins confondus, on expédie entre 3 et 5000 hl par mois alors que les années précédentes, on tournait entre 7 000 et 8000 hl/mois », témoigne-t-il.
Fabrezan produit 30 000 hl d’AOP Corbières et Corbières Boutenac par an dont 20 000 hl en rouge et 10 000 hl en rosé. « Le développement et la croissance des besoins en rosé ont masqué l’effritement de la demande en rouge», poursuit le directeur. Président de la coopérative Terroirs du Vertige à Talairan, Ludovic Roux se veut rassurant : « La situation est inquiétante mais pas catastrophique. Il est clair qu’une partie de la production en Corbières rouge n’est plus adaptée à la demande du marché. La consommation dévisse pour l’ensemble des AOP rouges génériques. Il faut donc continuer à augmenter notre production de haut de gamme, qui reste très demandée. Il y a 8 ans, les Corbières premium et coeur de gamme représentaient 10% des volumes, aujourd’hui c’est 33%. On peut encore progresser. Notre autre levier, ce sont les rosés qui conservent une belle dynamique. On pourrait maintenir nos volumes de production si on arrive à gérer cette transition sans baisse des cours », soutient-il. La situation préoccupante des AOP rouges du Languedoc sera le thème majeur de la commission économique du CIVL qui se réunit ce lundi 20 mai à Narbonne.