ès la campagne 2019, les 4 200 hectares de la cave coopérative bordelaise de Tutiac ne doivent plus voir un produit phytosanitaire classé Cancérigène, Mutagène et Reprotoxique (CMR). « Il n’y a pas de choix, c’est une obligation ! » pose Stéphane Héraud, le président de Tutiac. Qui balaie les critiques qu’il a pu entendre dans le vignoble, estimant « ne se donne que quelques années d’avance, avant que cela ne devienne la norme ». Alors qu’une charte proposée par le négoce bordelais préconise l’arrêt des CMR en 2022, Tutiac anticipe les demandes du marché avec tranquillité pour ses 420 adhérents et 4 200 hectares (cet engagement ne concerne pas les nouveaux venus d’UniMédoc, de Lugon et de Sauternes Vignerons).
Alors que le vignoble bordelais est encore éprouvé par le souvenir d’un millésime 2018 stressant en matière de gestion sanitaire, les vignerons de Tutiac se montrent sereins à l’idée de se passer de CMR. « La moitié de nos surfaces est déjà traitée sans CMR. Ces vignerons se sont mieux sorti que les autres face à la pression historique de mildiou en 2018. Peut-être qu’ils ont fait un traitement de plus, mais ils étaient plus attentifs aux sorties de tâches » souligne Stéphane Héraud. Preuve par l’exemple, « on est capable de s’en sortir sans CMR sur une année super-compliquée, comme on n’en a pas connu depuis vingt ans ! »
En pratique, l’interdiction de CMR sera contrôlée par des analyses réalisées sur les cuves. En cas de détection de résidus CMR, le lot sera déclassé et subira des pénalités. « Je suis persuadé qu’il n’y aura personne en dehors des clous » estime Stéphane Héraud.


Pour l’avenir, la cave coopérative se donne l’objectif de tendre vers la production de vins sans résidus de pesticide. « On commence à travailler au zéro résidu de pesticides. C’est l’amorce, avec la diminution des doses de produits traçables » explique Stéphane Héraud. Qui estime que dès 2019, la cave pourra proposer 10 à 12 000 hectolitres de vins bio ou en conversion sur le créneau du zéro résidu.