Sans tomber dans le catastrophisme, la Champagne devrait être dans un climat tempéré chaud d’ici la fin du siècle, a précisé Arnaud Descotes, directeur du pôle technique et environnement du Comité Champagne lors de l’Assemblée Générale de l’AVC qui s’est tenue hier à Epernay. Parmi les quinze années les plus chaudes enregistrées, quatorze appartiennent à notre siècle ! Il faut donc s’adapter à ce changement et participer à sa limitation ». Et c'est à cet objectif que s'attèle l'AVC.
Cela passe notamment par un travail sur les cépages et sur leur adaptabilité à un climat plus chaud se poursuit. Dix porte-greffes sont testés et trois d’entre seront plantés en 2019 sur le domaine expérimental de Plumecoq : le 775 Paulsen, le Georgikon 28 et le 333 EM. Le Comité Champagne va également tester le comportement de 21 cépages pour étudier leur adaptation à un climat plus chaud. Quant à l’émergence de variétés résistantes, le Comité espère que celles qui produiront des vins dont le profil convient aux professionnels puissent être inscrites dans le cahier des charges de la Champagne en 2030.
Concernant les vignes semi-larges - ayant un écart de 2 m -, le Comité Champagne a remis à l’Inao un premier rapport d’étape sur les essais réalisés sur 17 parcelles. « C’est un outil d’adaptation au climat, estime Arnaud Descotes, mais aussi à la pression sociétale car ce mode de conduite des vignes diminue le recours aux produits phytosanitaires ».
Le changement climatique étant favorable au développement du botrytis, le service œnologie du Comité Champagne travaille à la recherche de marqueurs spécifiques au botrytis. L’acidité ayant tendance à baisser, des actions préventives peuvent être menées en amont dans les vignes pour encadrer le pH. L’enherbement fait par exemple baisser le pH de 0.05. Le choix de la couleur des caisses ou leur niveau de chargement sont également à prendre en compte.
Au delà de l'adaptation au changement climatique, la Champagne mène depuis plus d'une décennie des actions pour réduire son impact carbone. Entre 2003 et 2013, la filière avait diminué de 7 % son empreinte carbone. En 2018, la baisse par rapport à 2003 est de 14 %. Un motif de satisfaction pour Pierre-Emmanuel Taittinger, président de l’AVC (et qui vient de céder son siège à François Pierson), pour qui « la troisième guerre mondiale est de sauver la faune et la flore ». Et de poursuivre, confiant, « que les évolutions techniques comme les drônes, les robots ou les GPS vont nous aider à relever ce défi ».