Si l’on veut installer des tours antigel pour le 15 avril 2019, les constructeurs me disent qu’il faut passer les commandes avant le 20 décembre… Pour réussir à se protéger, il faut aller vite ! » pose Didier Bureau, le président de l’association Charentes Anti Gel. Créée cet été avec le soutien de l’Union Générale des Viticulteurs pour l'AOC cognac (UGVC), cette association en est encore à ses balbutiements, mais ne manque pas d’ambition pour rapidement apporter des solutions aux vignobles charentais à risque avec des études d’implantation de tours antigel (mobiles ou fixes) et l’achat mutualisé de consommables (bougies, huiles végétales…).
« Face à la problématique du gel, il faut un collectif pour mutualiser et positionner plus efficacement les tours dans les secteurs gélifs » résume Didier Bureau. Après une étude de marché, et des visites en Loire, les vignerons charentais se montrent intéressés par les tours antigel, qu’elles soient mobiles (protégeant des gelées banches jusqu’à -3°C sur 3 hectares, pour un investissement de 35 000 €) ou fixes (protégeant jusqu’à -3°C sur 6 à 7 hectares, pour un coût de 65 000 €).
Si l’investissement est lourd, la mutualisation par l’association et la perspective de subventions, notamment par la région, pourrait inciter à la protection. « Les vignerons préfèrent investir dans des moyens de protection pour pouvoir récolter des raisins, plutôt que de payer une assurance pour être indemnisé » juge Bastien Brusaferro, le responsable d’affaires publiques à l’UGVC. Qui précise qu’avec cette association « il ne s’agit pas de répondre aux cas particuliers comme 2017, où il n’aurait pas été possible d’empêcher les dégâts au vu de l’ampleur des températures, mais de s’occuper des parcelles régulièrement touchées par le gel. »
Au-delà des effets du dérèglement climatique sur la fréquence des gels, l’extension du vignoble de Cognac conduit les nouvelles plantations sur des parcelles qui n’étaient souvent pas plantées car gélives au printemps. Un risque que reconnaît Didier Bureau tout en le minimisant. Le vigneron étant du cru des Borderies, « dans le secteur des pays bas. La dernière gelée datait de 1991. J’avais oublié le gel jusqu’en 2016 et 2017. Il y a un risque fort. »


Les craintes d’un printemps gélif semblent préoccuper dans le vignoble charentais, une trentaine de vignerons ayant assisté à la journée de présentation de tours mobiles et fixes ce 18 octobre. Pour être dans les temps, « il faut lancer le mouvement pour entraîner. J’étudie sérieusement la possibilité d’un investissement » conclut Didier Bureau, qui envisage que l’association devienne une Coopérative d'Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) si une petite dizaine de vignerons investissent collectivement.