ur l’année glissante s’achevant en juillet 2018, les opérateurs bordelais ont expédié vers la Chine 551 000 hectolitres de vins pour un chiffre d’affaires de 377 millions d’euros. Soit une nette baisse en volume (-11 %) pour un maintien en valeur (+3 %). Ce repli export devrait continuer au moins sur la fin de l’année 2018 annonce Allan Sichel, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), ce 15 octobre lors de sa conférence de presse de rentrée. « Ce recul n’est pas dû à un manque d’intérêt des Chinois pour nos vins » explique le négociant, pour lequel les conditions économiques sont en cause : « le ralentissement de l’économie chinoise, les effets de taux de change et la situation concurrentielle ».
Alors que le cours du yuan a chuté cette année par rapport à l’euro, le désavantage compétitif des vins européens en général, et des bordeaux en particulier, est accentué par les accords de libre-échange exemptant de droits d’accises les vins australiens, chiliens, néo-zélandais et même géorgiens. De plus en plus concurrentiel, le marché chinois impose désormais d’accentuer la différenciation pour maintenir les parts de marché. « Nous allons continuer nos efforts sur la première destination export des vins de Bordeaux afin d’augmenter notre désirabilité » annonce Allan Sichel.
Sur la période, les performances économiques sont également freinées par la moindre disponibilité en vins, suite à l’historiquement faible millésime 2017. Le marché français marque le pas sur la grande distribution, avec des baisses de 5 % en volumes et 1 % en valeur sur l’année s’achevant en août dernier (pour 155 millions de cols et 875 millions € de chiffre d’affaires). Les vins de Bordeaux connaissent cependant un nouveau souffle sur ses marchés historiques, avec des hausses conséquentes pour le Royaume-Uni (185 000 hl et 224 millions €, +11 et +17 %) et l’Allemagne (165 000 hl et 121 millions €, +8 et +27 %).
Après la nouvelle enquête de Que Choisir, le dernier numéro de Cash Investigation et désormais les analyses de FranceInfo, les vins Bordeaux n’arrivent toujours pas à être audibles sur le sujet environnemental et restent des cibles de choix. Ce qui ne devrait pas s’arranger. « En 2019, on va nous tomber dessus avec le tonnage phyto 2018 [suite à la forte pression mildiou du millésime] » prévoit le négociant Allan Sichel, pour qui « c’est une chose de faire du sensationnalisme au journal de 20 heures, c’en est une autre d’expliquer les problématiques ». Se disant conscient des progrès environnementaux à réaliser, l’interprofession souligne les avancées de toute sa filière, revendiquant 60 % du vignoble sous certification environnementale (et visant 100 % pour 2026).
« Nous sommes très souvent mis en avant actuellement. Mais je suis confiant : nous serons mis en avant de la même façon sur nos évolutions » grince le viticulteur Bernard Farges, le vice-président du CIVB. Pour qui Bordeaux « a mangé son pain blanc ».
Devant le dossier de FranceInfo, Bernard Farges se dit encore « surpris que sur douze vins analysés, douze soient bordelais. On ne pouvait pas faire plus… »