La consommation de vins effervescents a la même dépendance à la période des fêtes que le saumon fumé. Tout en étant moins forte que celle pour le foie gras » pose Joseph Bordanaro, chef de groupe agroalimentaire pour Kantar Worldpanel, lors d’une conférence 13 février sur le salon Vinovision. L’analyste souligne que 18 % des acheteurs de vins effervescents n’en achètent qu’à l’occasion des fins et débuts d’année (soit décembre-janvier). Ce lien aux fêtes est encore plus marqué pour les champagnes, cette part montant à 26 % des acheteurs.
Si l’association des bulles à un esprit festif saisonnalise trop leur consommation, c’est également un atout. Joseph Bordanaro conseille en effet aux vins effervescents d’adopter une position défensive face aux spiritueux sur le créneau des célébrations. 36 % des bouteilles de vins effervescents sont déjà ouvertes lors d’anniversaires, mariages ou naissances (cette part monte à 44 % pour les champagnes), alors que le niveau moyen est de 8 % pour l’ensemble des boissons alcoolisées.


L’analyste conseille aux opérateurs des vins effervescents de prendre une politique marketing plus offensive sur les autres moments de consommation. Notamment sur les apéritifs. 59 % des occasions de consommation des effervescents se concentrent sur ce moment, alors que les vins pétillants ne sont présents qu’à 14 % des occasions totales d’apéritifs. Ce décalage s’explique par « des parts de marché croissantes pour les bières, alors que les vins ont une tendance à la contraction » explique Joseph Bordanaro. Pour les apéritifs des plus de 18 ans, les vins sont la première boisson consommée (16 % de présence), suivis par les whiskies (12 %) et la bière (10 %). Les effervescents arrivent en quatrième place, derrières les anisés.
Mais ce qui inquiète principalement l’analyste, c’est « la fuite des acheteurs de vins effervescents ». L’an dernier, 47,8 % des foyers français ont acheté des vins pétillants, soit quasiment un point de moins qu’en 2013. Ce qui représente une perte de 300 000 foyers en quatre ans. « Pour assurer le dynamisme de la catégorie, il faut rajeunir les consommateurs » martèle Joseph Bordanaro, qui plaide pour le développement de produits aromatisés, jouant sur la mixologie et le craft (personnalisation). C’est-à-dire suivre les tendances de l’agroalimentaire actuel.