ous sommes toujours dans l’expectative concernant l’avenir de l’usage du cuivre en viticulture bio. La réglementation pourrait limiter sa dose annuelle à moins de 4 Kg/ha. Quelle est votre position sur le sujet ?
En viticulture bio, notamment dans les vignobles humides comme ceux de la façade Atlantique, la Champagne ou la Bourgogne, le cuivre est essentiel à la protection du vignoble contre le mildiou. D’une manière générale, lors de certains millésimes, une dose de 3 à 4 kg/ha de cuivre métal ne permettra pas de contenir la pression mildiou. Si en plus, cette dose n’est pas lissable sur plusieurs années, ce sera encore plus compliqué. Une limitation de la dose de cuivre mettrait en porte-à-faux de nombreux domaines bios, surtout ceux en conversion biologique qui pourraient abandonner en cours de route.
Sur ce dossier, je pense qu’il faut bien prendre en compte le fait que toutes les alternatives sont pires d’un point de vue environnemental. Même l’utilisation de propriétés élicitrices de produit comme le lait ou l’eau de mer conduirait à augmenter le nombre de passage des outils mécaniques dans les vignes, avec les conséquences que l’on connaît tant sur le sol que sur les émissions de gaz à effet de serre.
Sur ce dossier, comment comptez-vous agir ?
A biodyvin, nous souhaitons agir en soutenant les initiatives et en se rapprochant des organismes de recherche. Nous sommes particulièrement intéressés par le projet alsacien PACOV qui vise à suivre le métabolisme du cuivre dans le sol, la pollution qu’il génère ou pas. Biodyvin n’a pas les moyens de soutenir l’intégralité d’un budget de programme de recherche mais nous pouvons participer financièrement. Par ailleurs, nous pouvons également aider de manière pratique en permettant des expérimentations dans nos vignes, en notant des résultats.
L’objectif est de pouvoir attirer l’attention des politiques afin qu’ils comprennent les enjeux. Vaut-il mieux 10 kg de cuivre ou 1 L de produit de synthèse ?
Les cépages résistants ne sont-ils finalement pas la solution ?
En effet, pourquoi pas les planter ? C’est une voie de recherche qu’il ne faut pas négliger. Mais, il faut bien comprendre que c’est une solution de long terme, un projet d’une trentaine d’années. Car il faut étudier ces nouveaux cépages sur un temps long. Comment s’adapte-t-il au terroir, au micro-terroir ? Quel vin permettent-ils d’élaborer ? Comment le consommateur va-t-il réagir à ces nouveaux cépages ? Des questions qui nécessitent du temps pour connaître les réponses.
Biodyvin a tenu son assemblée générale à Fronton récemment. Quelles sont les décisions à retenir ?
L’association grandit. Nous comptons désormais 135 membres et nous projetons d’atteindre les 150 en 2018. Il faut donc s’adapter à cette taille, ce qui a conduit l’assemblée générale à prendre des décisions administratives de manière à se structurer. D’un point de vue pratique, nous avons largement insisté sur le caractère obligatoire de l’utilisation de certains préparats pour obtenir notre label. Il s’agit du compost dynamisé, du compost de bouse, et des préparations 500 et 501. Enfin, nous avons modifié les conditions d’admissions. Désormais, les nouveaux entrants auront pratiqué au minimum 6 ans de viticulture biologique : trois ans de conversion biologique et trois ans de conversion à notre cahier des charges.