e ministère des solidarités et de la santé et l’institut national du cancer (Inca) ont lancé le 5 septembre, une campagne de communication sur les bons gestes alimentaires à adopter pour prévenir les cancers. Cette campagne se traduit par l’affichage dans la presse, sur internet et par voie numérique à proximité des supermarchés de deux visuels : l’un prônant la limitation de la consommation d’alcool, l’autre vantant les bienfaits des légumes et des céréales complètes.
C’est le premier qui hérisse les responsables de la filière viticole. Le visuel montre en effet un tire-bouchon assorti du message suivant : « Réduire sa consommation d’alcool diminue le risque de cancers. Franchement ce n’est pas la mer à boire ».
Le vin est donc clairement visé. Pour Frédéric Rouanet, le président du syndicat des vignerons de l’Aude la coupe est pleine. Le 6 septembre, lors d’une rencontre entre les syndicats viticoles languedociens et la directrice du cabinet du ministre de l’agriculture, il a clairement exprimé son mécontentement. « Nous avons demandé que le ministère stoppe cette campagne ou du moins retire le tire-bouchon sur le visuel ».
Le Syndicat des vignerons gardois a également réagi par communiqué s'indignant : "rien ne nous sera épargné, car nous subissons une nouvelle attaque, cette fois par notre propre gouvernement !". Et promet des actions après les vendanges, comme il l'a déjà annoncé : "nous allons finir tranquillement ces vendanges 2017, mais croyez-nous les vignerons gardois ont bien compris le message du gouvernement... l'automne promet d'être brûlant !"
Le vice-président de la FNSEA, Jérôme Despey a, quant à lui, utilisé Twitter pour indiquer son irritation : " Au moment où les Etats-Généraux de l'alimentation doivent permettre de promouvoir le modèle alimentaires français, je demande à Stéphane Travert de faire retirer cette pub". Bernard Farges, président de la CNAOC, a lui aussi utilisé les réseaux sociaux. "En marche vers l'abstinence ?? Un programme pour la France peut-être... ? Nous avons besoin de savoir Mr. Macron".
Fruit du hasard ou réaction directe à la publicité, Pernod Ricard s'est fendu d'un communiqué rappellant le travail mené en matière d'information et d'éducation à la consommation d'alcool. "En mettant en place des partenariats novateurs avec des centaines d’organisations, les 11 principaux producteurs au monde de bière, spiritueux et vins ont atteint plus de 100 millions de personnes avec des messages éducatifs de prévention contre la consommation d’alcool chez les mineurs ; créé des campagnes de lutte contre l’alcool au volant dans 80 % des marchés où ils sont présents ; et démontré que les producteurs peuvent être des partenaires efficaces dans la lutte contre l’usage nocif de l’alcool, et permettre d’atteindre plus rapidement les objectifs de développement durable (ODD) fixés par les Nations Unies".
Vin et Société a également vivement réagit dans un communiqué le 7 septembre. « Je suis particulièrement indigné par cette campagne qui vise directement notre produit. Chacun le sait, le tire-bouchon est le symbole de la consommation de vin, du partage et de la convivialité. Je constate qu’elle est déployée massivement alors que les exploitations viticoles françaises sont en pleines vendanges et que se déroulent les traditionnelles foires au vin de la rentrée », y déclare Joël Forgeau, le président de l’association. Vin et Société dénonce la nouvelle orientation de santé publique qui passe de la « lutte contre la consommation excessive d’alcool à l’idée que toute consommation est nocive, même en quantité minime ». Et, de rappeler qu’elle a toujours plaidé en faveur de repères de consommation chiffrés et facilement compréhensibles des consommateurs.