n clôture des précédents salons Vinexpo, la soupe à la grimace était presque devenue un réflexe pavlovien parmi les exposants (du « c’est la dernière fois que j’expose ici » au « je vais les attaquer en justice »). Mais parmi ceux rencontrés durant les quatre jours de son édition 2017 (du 18 au 21 juin au parc des expositions de Bordeaux), c’est un sentiment d’agréable satisfaction qui prime. À commencer par les domaines bio, réunis pour la première sur le pôle World of Organic Wines, en entrée du hall 3. « Tout le monde est ravi, personne n’est grincheux ! C’était très intelligent de nous ramener du Palais des Congrès » s’enthousiasme Mark Salamanca, le directeur commercial de Bordeaux Vineam.


Plus concentré dans l’espace (deux halls seulement) et le temps (quatre jours au lieu de cinq), le salon Vinexpo 2017 affiche toujours un esprit à part dans l’univers des salons professionnels. Prenant le temps, les dégustations et rencontres peuvent durer, tout l’opposé de Prowein. « En nous faisant courir sur trois jours de salon, Düsseldorf va finir par nous épuiser et aller dans le mur » tranche un distributeur anglais.
Malgré sa volonté de se positionner sur le business, Vinexpo garde quelques réflexes Bordeaux centré : ses racines bordelaises alimentent inévitablement une offre en évènementiel, pour ne pas dire off. « Il ne faut pas exagérer, Vinexpo ne se résume pas à des relations publiques et à des soirées en châteaux. Ce qui importe, c’est le nombre d’acheteurs que vous rencontrez » souligne Valérie Pajotin, la directrice de l’ANIVIN de France, qui exposait pour la première fois à Vinexpo. Ayant ciblé le grand export, elle souligne la forte présence asiatique, quand celle américaine est faible : « ils ont fait le choix de venir à Prowein en avril, et pas à Vinexpo en juin. Avec deux salons à ce prix et à la suite, il y a un problème… »
Vigneron à Cahors, Pascal Verhaeghe (château du Cèdre) acquiesce : si Vinexpo n’est pas Prowein (ayant pris 40 rendez-vous quand il en avait 150 pour le second), « on a l’avantage de retrouver à Bordeaux de visiteurs du grand export qui ne viennent pas dans les autres salons. On rencontre des acheteurs de Nouvelle-Calédonie comme d’Europe de l’Est. Ce ne sont pas des pays prioritaires. Mais en les additionnant, ça commence à peser ! » Seul bémol pour lui, les coûts des stands restent élevés et poussent à réduire les surfaces, jusqu’à mettre en question la présence même au salon. Les coûts sont également importants pour les visiteurs : « les hôtels sont prohibitifs et les Airbnb se passent le mot. Le budget logement est un frein qui a déjà fermé la porte du salon aux petites structures d’achat » confie un acheteur de la grande distribution.


« Tous les salons sont trop chers ! Je ne suis pas sûr que Vinexpo le soit plus que les autres. Au moins Bordeaux est plus sexy que Düssseldorf pour attirer les acheteurs du bout du monde ! » estime le vigneron Dominique Piron (AOC Morgon), président de l’interprofession des vins du Beaujolais. Se posant ouvertement en soutien au salon bordelais, il a poussé au retour sur Vinexpo et envisage d’accueillir Vinexpo Explorer en 2018, il n’a qu’un grief : la date de la manifestation. « Il faudrait l’avancer. Et pourquoi pas la coupler avec la semaine des primeurs de Bordeaux ? » lance-t-il, espérant ainsi cumuler l’attractivité pour redonner à Vinexpo sa stature d’incontournable.
Par essence, Vinexpo est depuis longtemps critiqué pour son positionnement dans le calendrier : les achats sont souvent déjà bouclés, sans parler de la vague de chaleur qui est tombée cette année sur le parc des expositions de Bordeaux. Répétée depuis des années, cette critique a été entendue, l’organisation du salon ayant officiellement annoncé l’ouverture d’une réflexion sur la question (cliquer ici pour en savoir plus).
Avec 18 entreprises sur les 70 regroupées par la WineTech, « nous sommes ravis d’être là ! Et nous remercions Vinexpo d’avoir compris l’importance de la révolution numérique accélérée. À laquelle le vin n’échappe pas, et n’échappera pas » annonce l’entrepreneur Vincent Chevrier, animateur autant qu'initiateur de cette fédération de start-ups du vin. Née il y a un an, la WineTech a organisé en moins de deux moins sa venue à Vinexpo (après avoir été présente à Vinisud et au Salon des vins de Loire). Assurant la légitimité de sa structure, cette exposition aux professionnels illustre également la diversité de cet écosystème. « Nous avons eu une bonne fréquentation, de tous les métiers de la filière. Notre panel est tellement varié que chacun peut y faire son marché » souligne Vincent Chevrier. Qui conclut que cet accueil est « de bon augure pour le développement de la WineTech ».