En 1947, nous sommes partis d’un petit atelier de réparation de fûts et cuves. Aujourd’hui, nous employons plus de 120 personnes dans le monde » s’enthousiasme Romain Liagre, le directeur général Radoux, qui réunissait ce 15 juin les équipes et vendeurs de la tonnellerie charentaise à son siège (Jonzac). Avant de monter à 45 000 pièces produites par an et commercialisées à 85 % à l’export, la désormais filiale du groupe François Frères (TFF) n’a longtemps eu qu’une assise locale. Le tournant a eu lieu dans les années 1980 rapporte Christian Radoux*, le fils du fondateur (Robert Radoux). « C’est la période où la tonnellerie a vraiment évolué. Les maîtres de chai se sont nourris de la recherche et ont mené beaucoup d’essais pour comprendre, et maîtriser, ce qu’apportaient les fûts. Pour répondre à ces nouvelles demandes, les tonneliers ont dû gagner en précision de l’approvisionnement et contrôle de la production. Jusqu’à arriver aux niveaux actuels de haute technologie » explique l’ancien compagnon du devoir.
Allant de pair avec le développement de l’œnologie moderne, ces développements de l’offre technique se sont déployés à tout le vignoble mondial. Christian Radoux a ainsi ouvert des tonnelleries en Afrique du Sud, en Australie, en Espagne et aux États-Unis. L’ouverture au Nouveau Monde n’est pas étrangère au développement de gammes de produits œnologiques connexes, pour ne pas dire iconoclastes à l’époque. En 1999, la tonnellerie Radoux a lancé ses produits Pronektar, proposant des bois alternatifs allant des copeaux aux douelles. « Nous avons la satisfaction d’être partis à la bonne heure sur ces gammes » glisse dans un sourire satisfait Romain Liagre.
Après avoir prouvé l’importance du grain dans le tri des bois en 1996, Radoux a marqué un tournant technologique avec le déploiement industriel d’une mesure en proche infrarouge des teneurs en tannins de chaque douelle utilisée. Dévoilé en 2008, le procédé Oakscan se veut le garant de l’homogénéisation des barriques traditionnelles, tout en permettant de développer de nouvelles offres.


À l’heure de souffler ses bougies, la tonnellerie Radoux semble peu affectée par les perspectives de réduction de ses commandes après le gel qui a touché la France ce printemps. « Bordeaux et Cognac ont été touchés, ainsi que le nord de l’Italie et le nord-ouest de l’Espagne. L’activité va être touchée, mais l’assise large et diversifié du groupe TFF va nous permettre d’être moins exposés » relativise Pierre-Guillaume Chiberry, le directeur marketing du groupe Radoux. Alors que débute la campagne de commercialisation des tonneaux pour le prochain millésime, cette sérénité est directement alimentée par la position de leader du groupe TFF (qui a racheté Radoux à Oeneo en 2012).
* : Désormais retraité, Christian Radoux a été le dernier membre de la famille Radoux à être employé par la société éponyme.