cène biblique dans les rues de Sète, à minuit ce mardi deux août, une rue était inondée par un flot de vin. Les vannes de plusieurs cuves de la maison Biron ont été ouvertes par des individus se revendiquant du Comité Régional d’Action Viticole (le CRAV), rapporte a posteriori France 3 (aucun tag n’a été trouvé sur les lieux). Au final, il aura fallu trente minutes aux pompiers pour pomper le vin s’écoulant sur la rue du Maréchal-Juin précise le Midi Libre.
Si la direction de la maison Biron se refuse à tout commentaire avant la finalisation de ses déclarations de sinistre, elle précise ne pas être une société de négoce, mais seulement de transport. Et sur ses 180 000 hectolitres de stockage, l’agence maritime glisse en avoir autant de vins français que d’étrangers. Une précision qui a son importance, le noeud de ces actions violentes se trouvant dans les difficultés de la fin de campagne languedocienne (avec des retiraisons languissantes dans le vignoble), alors que les importations de vrac espagnols suscitent au mieux de la suspicion, au pire des accusations envers les approvisionnements du négoce.
Exactement deux semaines après l’incendie des locaux de Vinadeis, cette nouvelle opération coup de poing témoigne de l’exaspération d’une partie du vignoble languedocien. Se plaignant de ne pas avoir été suffisamment entendu et considéré, le CRAV pourraient réaliser de nouvelles actions de vandalisme. Bien introduit dans le groupuscule, France 3 a recueilli un témoignage évoquant de futures « visites de courtoisie » à la grande distribution. Fin 2009, le CRAV avait déjà réalisé des raids sur des enseignes de hard-discount de l'Aude.
Face à ces casseurs, les organismes représentatifs du vignoble oscillent entre stupeur et incompréhension. Au Conseil Interprofessionnel des AOC du Languedoc et des IGP Sud de France (CIVL), on prépare pour la fin août un guide conseillant aux ODG des orientations de production. « Il ne faut par exemple pas produire de rosés si l’on n’a pas de marchés » note Xavier de Volontat, le président du CIVL.


Ayant vidé cinq camions de vins espagnols en avril dernier, le Syndicat Viticole de l’Aude comprend les difficultés, mais appelle à la patience. Ses représentants ont remis un rapport sur le sujet au gouvernement, lors de la visite ce 8 juillet du premier ministre Manuel Valls, accompagné du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll. Désormais, ses élus attendent de voir les résultats à la rentrée : « la situation syndicale la moins confortable » glisse Frédéric Rouanet, son bouillonnant président. « Mais s'il n'y a rien qui avance, on relancera la mobilisation ».
Mise à jour du 8 août :
Evoquant « à peu près 6 000 hectolitres » de vins vidés (rouges comme blancs, d'origine française comme espagnole), Jean-Baptiste Biron, le PDG de la maison éponyme, refuse de voir dans l'action du CRAV une démonstration de colère. « C'est un acte criminel prémédité, réalisé en bande organisée. Ils ne m'ont pas envoyé de message, ils n'ont pas de revendications. On ne peut pas prêter des idées à des gens cagoulés » tranche-t-il froidement.
Interpellant le ministre de l'Agriculture dans une lettre ouverte, le sénateur languedocien Henri Cabanel confirme qu'à un mois des vendanges, « cela va continuer, car les viticulteurs sont en colère. Et quand le Midi gronde… » Et, tout en déplorant les actes de vandalisme, de réclamer une intervention pour résoudre « la situation préoccupante relative à l’importation de vins espagnols vendus en France entre 30 et 40 €/hl, alors que le prix de nos vins se situe entre 70 et 80 €/hl ».