a Vallée du Rhône emboîte le pas aux autres vignobles : Champagne, Bordeaux, Alsace ou encore Cognac. Les responsables professionnels de l'interprofession ont en effet décidé, lors d'un Conseil d'administration d'avril 2016, de lancer dès cette année un nouveau programme de création variétale. Celui-ci sera financé par l'interprofession et piloté par l'Institut Rhodanien, via la création d'un groupe de travail dédié. L'Institut rhodanien regroupant en son sein les partenaires R&D de la Vallée du Rhône : Chambres d'agriculture, IFV, Inra, Syndicat des Côtes-du-Rhône.
L'objectif, à terme, est de parvenir à l'obtention de cinq ou six variétés les plus proches possibles de la Syrah et du Grenache, qui soient résistantes aux maladies - mildiou et oïdium - mais aussi au maximum tolérantes au black-rot. Cela va se traduire concrètement par le croisement de « parents » de ces deux cépages avec des variétés résistantes multigènes. Dans un premier temps, celles utilisées seront porteuses de deux gènes de résistances. Mais à l'avenir, de nouveaux croisements seront également effectués avec des variétés porteuses de trois gènes de résistance, afin d'obtenir une résistance « plus solidement ancrée ». « C'est une démarche destinée à être en permanence actualisée, avec pourquoi pas à l'avenir, des croisements avec des variétés porteuses de nouveaux marqueurs identifiés résistants à la flavescence dorée », précise Patrick Vuchot, directeur de l'Institut rhodanien. L'interprofession ne s'interdit, par ailleurs, pas d'initier un programme similaire sur un cépage blanc de la vallée du Rhône, ce qui est actuellement « en cours de réflexion ».


Concernant le « pourquoi » de cette décision, qui peut sembler « tardive » par comparaison aux autres vignobles, le directeur évoque le fait que jusqu'à présent, les responsables professionnels « avaient d'autres priorités » et, surtout, qu'ils « étaient convaincus qu'il y aurait un blocage de la part de l'INAO concernant les AOC ». Mais les récents « signes d'ouverture » de l'Institut sur le sujet ont été l'élément déclencheur, qui les a finalement poussés à se lancer.
La mise au point de ces nouvelles variétés résistantes ne devrait de toutes façons pas aboutir avant 18 ans, soit en 2034 ! « D'ici là, de l'eau aura coulé sous les ponts et les mentalités continueront d'évoluer... », anticipe Patrick Vuchot, optimiste quant à l'évolution de la réglementation.