onné pour immuable il y a peu de temps, l’encépagement des appellations est devenu un sujet de débat. La Cnaoc s’en est emparée lors de son congrès du 23 avril à Sancerre après avoir été longtemps obnubilée par la seule question des droits de plantation.
Et pour cause. Sur le terrain, plusieurs des syndicats membres de la confédération veulent lancer des essais, Bordeaux notamment. Ils cherchent des réponses au changement climatique et au rejet croissant des traitements phytosanitaires par les Français. Ils demandent à tester des cépages d’autres régions, de nouvelles obtentions ou des variétés résistantes au mildiou et à l’oïdium.
La Cnaoc en prend acte. « Sur ce sujet nous avons fait un choix, a déclaré Bernard Farges, président de la Cnaoc. Il n’est pas question de laisser aux autres segments de la viticulture (IGP et vins sans IG, NDLR) l’initiative d’innover. Les AOC sont un concept moderne. Il est hors de question qu’il ne le reste pas. »
Mais pour que les expérimentations puissent avoir lieu, il faut un changement de la réglementation. A ce jour, les vins issus de cépages ne figurant pas dans le cahier des charges d’une appellation ne peuvent pas être vendus sous le nom de cette appellation. De quoi refroidir bien des velléités d’expérimentation chez les viticulteurs.
« Nous demandons de pouvoir mener des expérimentations tout en revendiquant l’appellation, pendant toute la durée de ces expérimentation », a poursuivi Bernard Farges, s’adressant au représentant du ministre de l’Agriculture, invité au congrès.
Le comité national des vins AOC de l’INAO a franchi un pas dans ce sens en novembre dernier. Ses membres se sont prononcés à l’unanimité pour que des vins issus de programmes d’expérimentation de cépages puissent bénéficier de l’AOC.
« Les cahiers des charges des AOC ne sont pas un carcan inamovible, a convenu Eric Rosaz, responsable vin a l’INAO. On peut faire évoluer l’encépagement après une expérimentation d’au moins dix ans, en intégrant moins de 10 % de nouveaux cépages et en les assemblant obligatoirement avec les cépages du cahier des charges. »
Si l’INAO s’ouvre à l’expérimentation de nouveaux cépages, ce sera à son rythme : tout doucement !