etrouvant les réflexes acquis au salon de l'agriculture de Paris (saluer, déguster et promouvoir le terroir), le président de la République a fait un tabac lors de l’inauguration du salon Vinexpo, en juin dernier. « Je voulais venir à Vinexpo pour vous dire combien, lorsque la France est première dans le monde, nous devons tous ensemble exprimer notre fierté à l'égard des professionnels qui ont réussi cette performance », exposait François Hollande lors de son discours d’ouverture du salon bordelais. Il faisait ainsi de cette première un nouveau signe de la reconnaissance économique du poids du vignoble (500 000 emplois, 12 milliards d'euros à l'export, 10 milliards d'excédent commercial…) « Vous êtes leader mondial, il n'y a pas beaucoup de domaines où nous sommes en leadership mondial », reconnaissait-il, exprimant son soutien d’un attendu « là où nous sommes déjà premiers, restons largement premiers ».
Et pour marquer son soutien aux professionnels, cette déclaration d’intention s’est concrétisée dans la foulée, avec la volonté gouvernementale de porter un amendement de clarification de la loi Evin dans le cadre de la loi Macron* (avec de subtils équilibres annoncés par le président). En répondant aux demandes pressantes des représentants du vignoble – et notamment de Vin & Société –, le gouvernement a éteint un feu qui couvait depuis des années. Un foyer que peu d’hommes politiques d’envergure nationale avaient repéré, les initiatives de parlementaires étant restées plus symboliques que concrètes, comme le classement des vins au patrimoine national en 2014). La présidente du Front National, Marine Le Pen, s’était bien opposée à la loi Évin en novembre 2014 à l’occasion d’un déplacement dans le vignoble de la Nièvre, mais pas sur le long terme et avec une ferveur qui s’annonçait contreproductive. Comme l’explique le maire de Bordeaux, Alain Juppé, avec un amendement, « il ne s'agit pas de remettre en cause la loi Évin. Il est absolument évident qu'il faut maîtriser la communication des boissons alcoolisées. Il y a des ayatollahs des deux côtés, il faut un point d’équilibre ». Un juste milieu qui sied particulièrement à sa nouvelle écharpe d'ambassadeur d'honneur d’Educ’Alcool.
« La défense des indications géographiques de nos produits agricoles et viticoles fait partie des top priorités de notre diplomatie », déclare le secrétaire d’État au Commerce extérieur et au Tourisme, Matthias Fekl. Un engouement de circonstance, assemblée générale du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux oblige ? Que nenni, il s’agit simplement d’une expression de la diplomatie des terroirs chère au gouvernement de Manuel Valls lui-même assidu visiteur du Pavillon des Vins au salon de l’Agriculture, et qui s’est rendu récemment dans les chais des Cognacs Hennessy. Ambassadeur de ce concept, le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a ainsi accueilli les grands crus classés de Médoc et Sauternes au quai d’Orsay pour célébrer les 160 ans de leur classement napoléonien. Il a visité le chantier de la Cité du Vin alors baptisée Cité des Civilisations du Vin et ne manque pas une occasion de rappeler sa fierté d’avoir été élu Homme de l’année 2014 par la Revue du Vin de France.
* à noter que le ministre de l'Économie et des Finances a participé, pour la photo, aux vendanges 2015 du château Carbonnieux (AOC Pessac-Léognan).
Photo Patchwork