Production française de vins en 2014 : 46,45 millions d'hl, le compte est bon ?

 Très légèrement supérieure à la moyenne quinquennale », la production hexagonale de vins serait revenue à la normale ce millésime selon les dernières prévisions des services statistiques du ministère de l'Agriculture, estimations qui ne devraient plus varier de beaucoup. Arrêtées au premier novembre, ces prévisions du service statistique du ministère de l'Agriculture closent, en effet, la série de révisions du potentiel de production national, amorcée en juillet et qui aura de nouveau exaspéré les représentants de la filière vin (cliquer ici pour en savoir plus). Avec 46,45 millions d'hectolitres de vins, les vendanges 2014 seraient en hausse de 10 % par rapport à la petite récolte 2013.

Détail des évolutions par régions et catégories de production, ainsi que de leurs premiers effets conjoncturels.

Le millésime 2014 région par région

Parmi tous les bassins viticoles français, le vignoble bordelais affiche la plus forte hausse de récolte : +52 % à 6 millions hl. « Un millésime classique » selon le courtier girondin Xavier Coumau, qui estime prématurés les pronostics sur les cours, mais avance, prudemment, un prix du tonneau de Bordeaux rouge 2014 se négociant entre 1 100 et 1 200 € (contre 1 300 € le tonneau 2013). Au contraire, le cours des vins languedociens devrait de nouveau se raffermir : « de 10 à 20 % selon les segments de marché » avance Boris Calmette, le président de la Confédération des Coopératives Vinicoles de France, qui constate les plus fortes hausses sur blancs et rosés (de 115 à 120 €/hl pour les Pays d’oc chardonnay). Cette tendance découle du petit millésime rentré en Languedoc-Roussillon (12,23 millions hl, -10 %) et notamment dans le département de l'Hérault (4,5 millions hl, -21 %) touché cette année par la sécheresse comme les inondations. Mais malgré « de vraies difficultés locales, nous avons pu observer une réelle hétérogénéité de situations et de très belles réussites » souligne l'œnologue conseil Gwenael Thomas (Natoli & Coe).

Les tensions sur le marché rhodanien sont également à attendre selon Guillaume Ryckwaert (PDG du négociant Raphaël Michel), qui résume : « nous finissons 2014 sans stocks et démarrons la nouvelle année avec une petite récolte. D’où ces grosses tensions prévisibles que nous vivons d’ailleurs tous les jours. » D'après la note ministérielle, l'ensemble des « autres vignobles du Sud-Est » (soit la vallée du Rhône, mais aussi la Provence) affiche cependant une production en hausse de 19 % à 5,56 millions hl. Comme en Gironde, le Sud-Ouest a connu un millésime long, qui semblait assez mal engagé fin août. L'arrivée d'un été décalé aura permis de redresser la barre et de revenir à une production normale (3,53 millions hl, +35 %), des phénomènes de flétrissement ayant cependant réduit les rendements en deça des espérances. En 2014, la grande Bourgogne est, quant à elle, revenue à sa production moyenne quinquennale (2,27 millions hl, +11 %). Et malgré un climat chaotique, ce millésime a tout pour devenir une grande année à vins blancs selon l'œnologue Eric Grandjean (Centre Œnologique de Bourgogne), qui ajoute qu'il « y a une très bonne qualité en rouge, qui n'était pas attendue avec l'été que l'on a connu et les vendanges précoces ».

Malgré un développement inquiétant de pourriture acide, le vignoble alsacien enregistrerait une hausse de 7 % de sa production, à 1,07 millions hl. En Corse, les vendanges ont également pu être difficiles, notamment avec la forte pression de l'oïdium, qui a conduit à revoir les vendanges à la baisse : 325 000 hl (-7 %). Avec une hausse de 3 % de sa production, le vignoble de Champagne atteindrait les rendements en 2014 (avec 2,9 millions hl), mais l'événement du millésime reste pour les vignerons champenois la remise en cause du contrat-vendange, qui mobilise particulièrement (cliquer ici pour en savoir plus). Avec 8,67 millions hl (+10 %), les rendements seraient également au rendez-vous dans les Charentes, où quasiment tous les voyants étaient au vert avant les vendanges. « 2014 a l’avantage d’être une année sans grosse catastrophe : pas de gel ni de grêle (ou de fortes chaleurs comme en 2011) » avançait l'interprofession des vins de Loire avant les vendanges, optimisme qui a été confortée par une campagne sans anicroche (si ce n'est « l'impact des maladies du bois dans le Centre » note l'Agreste) et aurait récolté 2,94 millions hl (+12 %).

Le millésime 2014 en chiffres et diagrammes clés

En progression de 18 %, les vins d'appellations seraient la catégorie affichant la plus forte hausse de production (avec 22,11 millions hl, quasiment la moitié du volume produit). Les vins pour eaux-de-vie seraient également en nette hausse (+10 % pour 8,56 millions hl), tandis que les vins à indications géographiques protégées présenteraient une production stable (12,62 millions hl). Les autres vins seraient même en léger repli (-2 % à 3,16 millions hl).

 

 

 

 

[Illustration : Création Vitisphere]