Bordeaux produira 5,4 à 5,5 millions d'hectolitres de vins en 2014 » selon le courtier Xavier Coumau. Mais si la production girondine s'annonce nettement supérieure aux 3,8 millions hl du précédent millésime, elle ne sera pas pour autant exceptionnelle. Le président des courtiers de Bordeaux juge en effet excessives les prévisions d'Agreste (6 millions hl) et pessimistes celles de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux (5,3 à 5,4 millions hl). Pour lui, « c'est un millésime classique, avec des rendements de 48 hectolitres par hectare en rouge (contre 35 hl/ha en 2013), une récolte pas très abondante en blanc (55 hl/ha grand maximum) et une production maintenue en rosé. » Avec la hausse de ses disponibilités assurée, la place de Bordeaux s'apprête désormais à réinvestir ses parts de marchés perdues (l'objectif clairement visé par la nouvelle campagne de communication interprofessionnelle).
Sur l'année mobile se finissant en juillet, Bordeaux a enregistré un repli de ses expéditions de 8 % en volume et 18 % en valeur (pour 2,17 millions hl et 1,81 milliards d'euros). Ce fléchissement ne serait pas tant du aux difficultés d'approvisionnement qu'à la hausse des cours lors de la campagne : +20 à 25 % sur AOC Bordeaux rouge (le prix moyen du tonneau 2013 s'étant fixé à 1 300 €). Xavier Coumau note que la hausse des cours « n'a pas été suffisamment élevée pour compenser la perte des volumes à la production, mais trop pour dérégler les marchés, surtout en rouge ». Les courtiers ont noté un net ralentissement des transactions, estimant que les négociants souhaitent désormais déstocker, en attendant la libération du nouveau millésime rouge (en janvier prochain). Cet attentisme n'empêche pas les uns et les autres de prendre position sur l'échiquier de la prochaine campagne. Tout reste à construire aujourd'hui, à commencer par l'équilibre entre la « volonté de négoce d'obtenir des prix plus compétitifs (pour retrouver les marges qu'ils n'ont pas eues avec le 2013) et celle de la viticulture de ne pas voir les cours jouer au yo-yo (en acceptant une baisse des cours, mais modérée) » résume Xavier Coumau.
S'il serait prématuré de pronostiquer un cours, le président des 100 courtiers bordelais avance, prudemment, que le cours du Bordeaux rouge 2014 devrait se tenir entre 1 100 et 1 200 €/tonneau (en repli par rapport à 2013, mais en hausse par rapport aux 1 050 €/tonneau du 2012). Il souligne également que « ni les courtiers, ni les propriétaires, ni le négoce ne maîtrisent la hausse ou la baisse des cours. C'est vraiment une question d'équilibre de marché, entre l'offre et la demande. C'est plus un problème quantitatif que qualitatif. »
[Photo : Cabinet de courtage Coumau]