près un été maussade, la belle météo du mois de septembre voit le vignoble charentais s'emballer. « Les vendanges arrivent à vitesse grand V » alertait Stéphane Roy en préambule de sa première réunion de vendanges en tant que nouveau président de l'Union Générale des Viticulteurs de Cognac. Il espérait avant tout une belle vendange charentaise, mettant un terme à une série de petits millésimes en quantité. Les rendements devraient bien être au rendez-vous à en croire Gérald Ferrari (Station Viticole de Cognac), qui explique, courbe de densité de pollen à l'appui, que « le pic groupé de la floraison explique les volumes attendus, avec une très bonne nouaison ». Il constate également que le poids moyen des grappes était « dès le départ important, supérieur au niveau de 2004 on est à un quasi record de la décennie ! Quelque part, cela fait un peu plus que compenser le nombre de grappes un peu faible au départ. » A partir des données du réseau de maturation, la station viticole estime que le rendement régional pourrait être compris entre 110 et 120 hectolitres de vin de base à la distillation par hectares. Une prédiction globale qui couvre de nombreux cas hétérogènes, 30 % du vignoble charentais espérant un rendement inférieur à 90 l/ha (suite à la grêle ou l'esca).
Au niveau de la maturation, le Titre Alcoométrique Volumique potentiel (TAV pot.) reste entre les niveaux de 2013 et 2009. Si l'acidité est partie d'un haut niveau (« à cause d'un printemps humide »), la dégradation de l'acide malique a été accéléré par la chaleur. Attendant une récolte pour la fin septembre, Gérald Ferrari prend pour date repère le 29 septembre, la projection régionale étant pour cette date d'un TAV pot. de 9,5 %. Dans le cas des parcelles grêlées, l'ingénieur viticole conseille de mener des contrôles maturité spécifiques, le faible nombre de grappes conduisant une augmentation plus rapide du TAV pot. Le feuillage abîmé des parcelles touchées par les orages de juin et juillet est également à prendre en compte, avec des réglages des machines à vendanges adaptés (fréquence des batteurs et réglage des ventilateurs...).
Si tous les indicateurs sont actuellement au vert, il appelle à la vigilance sur la pression sanitaire. Si « le mildiou a fait beaucoup de dégâts, et il y a eu des attaques de cicadelles et de grillures amenant à des défoliations », Gérald Ferrari attire désormais l'attention sur « des foyers de Botrytis cachés, qui ne se voient pas au premier abord. Pour l'instant ils sont petits et il n'y a pas de problème avec un temps sec et chaud, mais en cas de pluie cela peut partir vite... » En cas de foyer de Botrytis sur une parcelle, le Bureau National Interprofessionnel de Cognac conseille de vinifier séparément les lots touchés, avec un protocole de débourbage et décantation plus soutenu. Pour revoir les conseils de vinifications du BNIC, cliquer ici.
A noter que si le rendement 2014 est fixé à 11,70 hl AP/ha en AOC Cognac, la réserve de gestion de 1 hl AP/ha n'ayant pas encore été validée par les pouvoirs publics. Stéphane Roy précise que la profession a fixé une date limite, la fin octobre 2014, pour que cette réserve de gestion se concrétise (sinon elle serait purement et simplement réduite à néant).
[Photo : Stéphane Charbeau, BNIC]