remière délégation d'acheteurs au dernier Forum International des Affaires des vins du Languedoc-Roussillon (avec 26 inscrits*), les Etats-Unis représentent pour l'avenir un « marché porteur, de plus en plus de nos producteurs s'y positionnent » pronostique Pascal Barbe (Sud de France Développement). Il faut dire que l'offre des IGP Pays d'Oc semble taillée à la mesure de ce marché de cépages. Responsable export des Vignerons de la Vicomté (union de coopératives commercialisant 6 millions de cols par an), Pauline Deydier témoigne du développement des vins de Pays d'Oc, « renommés pour leurs sauvignon blanc, chardonnay, cabernet sauvignon, merlot et cinsault ». La progression de ce dernier cépage (notamment pour des rosés doux) atteste de l'attrait des consommateurs pour les cépages identitaires du Sud de la France, plutôt que pour des appellations dont ils ne saisissent pas les contours. « Les AOC génériques attirent moins, les acheteurs cherchent aujourd'hui des produits plus confidentiels, pour pouvoir se différencier » explique-t-elle.
Une tendance que l'on peut également percevoir en Chine, qui formait la deuxième délégation d'acheteurs du FIA (avec 22 inscrits). « Les vins de Bordeaux représentent au moins 60 % de nos ventes de vins français, nous développons les vins du Languedoc qui ont des prix plus compétitifs et plus raisonnables » explique Isabelle Liu, acheteuse pour Yes My Wine, le site leader de la vente de vins en Chine (avec 12 000 cols vendus par jour, pour un chiffre d'affaires annuel de 70 millions d'euros). Parmi les vins du sud de la France, l'AOC Corbières est son best-seller, mais pour vendre entre 40 et 50 yuans une de ces bouteilles (soit 6 €/col), il faut qu'elle soit vendue 1,45 € départ cave. Une approche stratégique concurrentielle qui atteste de la professionnalisation du marché chinois. « On a tout vu sur le marché chinois, beaucoup d'entreprises sans rapport avec le vin s'y sont lancées par opportunisme » se souvient Pauline Deydier, « maintenant le marché a mûri, on sait y vendre du vin, on n'y voit plus de gros containers vendus sans lendemains ».
D'après les statistiques de la DRAAF, la région du Languedoc-Roussillon a exporté de janvier à novembre 2014, 287 900 hectolitres de vins pour un chiffre d'affaires de 68 millions d'euros (respectivement +4,7 et +0,3 % par rapport à la période précédente). Sur cette période, les premiers marchés à l'export pour les vins du Languedoc-Roussillon sont l'Allemagne (818 000 hectolitres pour 147,4 millions €), les Pays-Bas (401 000 hl pour 88 millions €), le Royaume-Uni (378 000 hl pour 80,4 millions €) et la Belgique (368 000 hl pour 70,1 millions €). La Chine arrive en cinquième position, avec 266 000 hl pour 60,9 millions € (+17 et +14 %), les Etats-Unis en sixième place avec 153 000 hl pour 54,6 millions € (-0,4 et -3,6 %).
* : 200 acheteurs étaient inscrits à ces dégustations (1 500 cuvées) et rencontres (350 producteurs) qui se tenaient ces 28 et 29 janvier au parc des expositions de Montpellier (en parallèle du salon Millésime Bio).
[Photo : Aperçu des tables de dégustation du FIA 2015 (Alexandre Abellan/Vitisphere)]