ix producteurs et/ou négociants alsaciens ont créé fin 2012 le Groupe Transversal de Reflexion (GTR) Alsace 2015 pour une réforme de la viticulture alsacienne. Sur leur blog, les dix frondeurs disent leur inquiétude et l'urgence d'agir alors que « la situation économique, sociale et politique du vignoble alsacien se dégrade lentement », en dépit de l'optimisme affiché par les instances représentatives de la profession viticole alsacienne.
Côté économique, le groupe fait état d'une « paupérisation du vignoble alsacien », lié à une érosion des prix alors que les coûts de production ne cessent d'augmenter. Le cas de la maison Albrecht (rachetée récemment par la cave de Wolfberger) est emblématique de l'incertitude économique qui cerne vignerons et négociants affirme le GTR : « la course au gigantisme des entreprises se fait sur le dos des producteurs, par une concurrence féroce et appauvrit la diversité des 600 terroirs revendiqués du vignoble alsacien, au profit de marques de plus en plus concentrées, pas toujours rentables ».
Côté politique, La concentration du secteur a des conséquences politiques : « les quatre premiers metteurs en marché du vignoble représentent plus de 50 % des volumes écoulés, et les 20 suivants, 35 % des volumes. (...)Les vignerons ne se reconnaissent plus dans les décisions interprofessionnelles, les affectations de budget et la communication menée, au regard de la diversité des vins d’Alsace », affirme le GTR Alsace 2015.
Le groupe demande un renouvellement de la représentation du vignoble qui « [dépasse] le modèle pyramidal archaïque. (…) Une dynamique collective (…) à l’intérieur de chaque appellation protégée doit être préférée au cadre vieillissant du Syndicat viticole. Le concept de gestion locale de Grand Cru pourra servir de modèle.(...) Les fonctions de protection doivent être clairement séparées de celles de contrôle », ces dernières se centrant sur des éléments objectifs en amont (rendements) comme en aval de la filière alors que « les contrôles organoleptiques sont à revoir ».
En matière de protection, le GTR Alsace 2015 en appelle également à l'INAO. « La commission permanente livrée aux clans est à dissoudre. (…) Les Services doivent retrouver une impartialité, un esprit de service public (….) : L’INAO c’est NOUS. » Il appartient à son Comité d'Experts d'instaurer une protection à même de redorer le blason des différentes strates des appellations alsaciennes (Alsace, Village, lieu-dit, grand cru, premier cru) en battant en brèche la simplification qui correspond à la demande la grande distribution. Ainsi les frondeurs insistent pour que le cépage deviennent « un élément plutôt informatif que structurant de la protection. Et cesse d’être le seul critère de valorisation » de la production.
Le tout dans un esprit d'ouverture et de resect de la diversité des productions et des sensibilités, pour restaurer la notoriété et apporter de la modernité à l'image des vins d'Alsace.
Invité à une présentation des voeux du GTR Alsace 2015, Jérôme Bauer, président de l'Association des Vignerons d'Alsace a cependant assuré que l’Ava travaille « sur la plupart des thématiques abordées par le groupe », précisent nos confères de la Vigne, ave une présentation de propositions sur la hiérarchisation aux présidents des syndicats viticoles prévue pour le 24 janvier.
En photo : les signatures des membres du GTR Alsace : Pierre Baltenweck, Philippe Blanck, Francis Burn, Jean-Michel Deiss, Vincent Fleith, Jean-Pierre Frick, Pierre Gassmann, Jean-Claude Rieflé, Jean-Paul Schmidt, Marc Tempé.