menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Politique / "Le vin de Bordeaux n’est plus en crise, il est à la veille de la banqueroute"
"Le vin de Bordeaux n’est plus en crise, il est à la veille de la banqueroute"
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Sans Établissement Public Foncier
"Le vin de Bordeaux n’est plus en crise, il est à la veille de la banqueroute"

Alors que le vignoble français attend le lancement d’un plan d’arrachage définitif de 130 millions €, en Gironde un projet d’Établissement Public Foncier avance rapidement et pourrait doter une filière en crise d’un outil de gestion inédit des terres par le portage financier et la restructuration agricole. Le point avec son concepteur, Dominique Techer, porte-parole de la Confédération Paysanne de Gironde.
Par Alexandre Abellan Le 19 décembre 2025
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
« Cela nourrit une forme espoir, il y a de grandes attentes » pointe Dominique Techer. - crédit photo : DR
V

ous portez depuis des années l'idée d'un outil collectif gérant la déprise foncière liée à la crise viticole bordelaise. Désormais, les planètes se sont alignées et la préfecture s'en est saisie alors que le projet est unanimement soutenu par les représentants du vignoble. Mieux vaut tard que jamais ?

Dominique Techer : face à une situation extraordinaire, il faut des mesures extraordinaires. J'espère que chacun sortira de sa zone de confort. C'est, au bas mot, la moitié de l'économie viticole girondine qui doit se redéployer autrement. Bernard Farges, le président du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB), m'a dit que c'était « un projet très original qui va faire école ». La dynamique est enclenchée et se veut consensuelle. Quand je dis en réunion que le vin de Bordeaux n'est plus en crise, il est à la veille de la banqueroute, personne ne me répond plus que je noircis le tableau comme il y a 3 ans. Tout le monde est en état de sidération, alors que le commerce est quasiment à l'arrêt.

Pour le vignoble de Bordeaux, c'est une opération d'envergure à la hauteur de la déroute actuelle. Les vignes n'ont plus de prix et ne trouvent pas preneurs. Les vignerons n'ont plus de finances et n'arrivent pas à vendre à prix correct. Les caves coopératives réduisent drastiquement les acomptes et ne savent pas où elles vont. Les banques ont le choix entre se manger pour rien les pertes des domaines liquidés ou soutenir le foncier pour repartir sur d'autres cultures. Mieux vaut anticiper en payant 100 plutôt qu'attendre la liquidation avec des provisions pour perte de 500?

Ce projet doit se donner les moyens de préserver les terres arables et redéfinir un projet alimentaire pour notre territoire. Je crains la transformation d'espaces agricoles en fermes photovoltaïques. Notre projet pourrait être hébergé au départ dans l'Établissement Public Foncier de Nouvelle-Aquitaine (EPFNA) qui existe. Il n'y aurait pas besoin de créer immédiatement une entité nouvelle.

 

Le recours à l'Établissement Public Foncier de Nouvelle-Aquitaine* permet-il de mettre tout le monde autour de la table, financeurs comme institutions ?

Il faut comprendre qu'il n'y pas de sortie autrement. Il n'y a pas le choix ! Si les banques ne paient pas via l'Établissement Public Foncier, elles paieront les liquidations. Soit on anticipe les dépôts de bilan, soit on s'assoit sur les créances douteuses. Le problème est que le financement, c'est le nerf de la guerre. Et que tout le monde veut que ce soit l'autre qui paie? Il y a un manque d'audace et une volonté de rentrer de suite dans son argent pour des financeurs, alors qu'on est sur un projet au long cours. L'enjeu de cet Établissement Public Foncier est de déterminer les montants qui sont attractifs pour dégonfler les surfaces et donc l'offre de vins. Il faut le voir comme un rachat de dettes de domaines insolvables. Mais avec une grille agricole, avec la restructuration des productions, le réagencement du paysage et la prise en compte de la ressource en eau. L'EPFNA a 250 millions ? de fonds propres, il aurait la capacité d'agir très vite s'il y a une volonté politique.

 

Lors de la dernière assemblée générale du CIVB, les services de l'État évoquaient un travail « à marche forcée » pour aboutir à de premières conclusions fin janvier. Est-ce que l'outil pourrait se déployer dès le début 2026 ?

J'espère bien, je les secoue fortement pour ça ! Sérieusement, je suis optimiste : l'Établissement Public Foncier est bien emmanché. Je n'ai pas l'ombre d'un doute sur sa mise en fonction rapide. C'est pour ça que tout le monde dit oui : "there is no alternative". « Ça urge »  me disait récemment un banquier qui compte. Il faut rapidement un outil opérationnel avec des chiffres sur les prix pour que les gens puissent faire leurs calculs, faire leur choix d'entreprise? Et leur choix familial. On n'a pas encore de prix à communiquer. On ne va pas transformer le plomb en or : ça ne sera pas miraculeux, mais il faut que ça reste attractif.

 

On parle de 7 à 8 000 ha de vignes intéressées par l'arrachage définitif selon le dernier sondage FranceAgriMer. Faut-il aller plus loin pour vous ?

Ce sont des chiffres au doigt mouillé puisqu'il n'y a aucun dispositif opérationnel connu. Avec l'Établissement Public Foncier, il faudrait, à mon sens, plutôt viser 15 000 ha. Il faut un effet dépressif choc sur l'offre de vins de Bordeaux, sinon le marché ne se rétablira jamais avec les stocks existants. Si on couple toutes les mesures de distillation et d'arrachage à venir, cela pourra permettre d'apurer la situation. C'est une condition indispensable, mais pas suffisante, pour faire repartir les transactions sur des bases viables? On pourra alors parler sérieusement de dispositifs de régulation des prix et arrêter la destruction de valeur.

 

* : Si la préfecture et la Société d'Aménagement Foncier et d'Établissement Rural (SAFER) indiquent ne pas souhaiter commenter, Sylvain Brillet, le directeur général de l'EPFNA indique que sa structure « est tout à fait légitime à être associée au groupe de travail mis en place par le préfet de Gironde. Nous avons une longue habitude de coopération avec la SAFER en matière de stratégies foncières au service de l'aménagement du territoire. »

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Bouches-du-Rhône - CDI DOMAINE DE METIFIOT
Hérault - CDI PUISSANCE CAP
Lot - Stage Clos Triguedina
Côte-d'Or - CDI Boisset la Famille des Grands Vins
Côte-d'Or - CDI Boisset la Famille des Grands Vins
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Politique
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé