près les AOC Entre-deux-Mers rouge en 2023 et Médoc blanc en 2025, voici le projet pour 2027-2028 d’étendre du moelleux au rouge, au rosé et au blanc sec les Premières Côtes de Bordeaux, afin de s’affranchir des appellations plus régionales que sont Bordeaux ou Côtes de Bordeaux tout en pilotant leur propre signe distinctif ancré dans la géographie (entre Sainte-Eulalie et Saint-Maixant sur la rive droite de la Garonne). Dévoilé début juillet à la maison des vins de Cadillac, le projet d’extension d’AOC doit aboutir fin 2025 au dépôt d’une proposition de cahier des charges* auprès de l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), pour qu’une commission d’enquête se réunisse en 2026 et que l’AOC entre en vigueur pour le millésime 2027 ou 2028.
Sans attendre, une plateforme de marque est lancée cet été pour porter cette identité collective des Premières Côtes de Bordeaux, qui réunit, hors Union des Côtes de Bordeaux, les appellations Premières-Côtes-de-Bordeaux (actuellement moelleuse), Cadillac (moelleux), Sainte-Croix-du-Mont (moelleux), Loupiac (moelleux), Côtes de Bordeaux Saint-Macaire (blanc sec) et Cadillac Côtes de Bordeaux (rouge). Se déclinant sur les marchés et les activités touristiques, « il s’agit d’une plateforme de marque territoriale, qui vise à fédérer ces AOC autour d’une identité commune, d’une stratégie de communication unifiée et d’un message fort » explique Emma Baudry, la directrice de la maison des vins de Cadillac, pointant que « jusqu’ici, chaque AOC communiquait séparément. C’est une nouveauté de jouer collectif à cette échelle, en s’appuyant sur un récit commun et la géographie et les terroirs. » Car l’étendard des Premières Côtes de Bordeaux est « à la fois lisible, évocateur, et légitime pour l’ensemble des appellations concernées. Elle évoque les coteaux de la Garonne » résume Emma Baudry.


Dans un vignoble bordelais en crise économique faute de rentabilité, cette nouvelle identité et cette future appellation peuvent être vues comme une manière de retenir les Cotisations Volontaires Obligatoires (CVO) qui partent vers d’autres Organismes de Défense et de Gestion (ODG). « Ce n’est ni une stratégie de récupération ni un objectif en soi » évacue Emma Baudry, pour qui « c’est un levier d’ancrage : en redonnant une perspective claire et valorisante, on donne envie aux vignerons de rester dans leur ODG, d’y investir, d’y croire. » Soumis à la pression foncière de la métropole bordelaise (la zone se trouvant entre Bordeaux et Langon), la Maison des vins de Cadillac opte pour une bannière collective réinventée après des années de réflexion. Après un investissement de 500 000 € en 2021, une étude pédoclimatique de Bordeaux Sciences Agro a conclu en 2023 que 70 % des parcelles viticoles de Cadillac sont "favorables à extrêmement favorables" à la production de vins rouges en particulier, et à celle de rosés et blancs en général. « Plutôt que de subir, les vignerons ont investi dans la connaissance, la science et le collectif » conclut Emma Baudry.
* : Devant encore être finalisé, le cahier des charges imposerait par rapport à l’AOC Bordeaux « des rendements maîtrisés, un écartement restreint et des densités plus qualitatives, l’exclusion de certains cépages à faible intérêt qualitatif, une orientation vers des pratiques vertueuses... L’ambition est claire : valoriser le potentiel du terroir avec une exigence plus élevée que l’appellation régionale » résume Emma Baudry.