Personne presque ne s'avise de lui-même du mérite d'un autre » disait La Bruyère. Sans que les acheteurs et consommateurs en aient bien conscience, qu’ils sont estimables les vignerons arrivant au terme de ce stressant millésime 2025. On devrait les juger au mérite d’un tempo changeant constamment de rythme, jusqu’à s’emballer dans des vendanges d’une précocité historique après le coup de chaud estival. Sur le pont par tous temps, les viticulteurs sont globalement déçus par leurs rendements 2025 qui ne sont pas au rendez-vous. S’ils pensaient avoir un millésime correct, ce ne sera globalement pas le cas après la canicule d’août.
Encore un millésime difficile, un millésime de trop pour les vignerons « au bout du rouleau qui sont excédés par le manque de valorisation de leur travail (l’encadrement de la rémunération des vignerons patinant, alors que Lidl passe de nouveaux caps de dévalorisation dans sa foire aux vins) et attendent l’ouverture d’une nouvelle campagne d’arrachage primé pour redimensionner leurs vignobles ou quitter le métier (FranceAgriMer prépare un sondage, il faut encore que la réglementation européenne le permette, avec l’adoption du paquet vin cet automne). En sursis avant un vote de confiance semblant perdu d’avance, la ministre de l’Agriculture vient de demander des fonds européens à Bruxelles, soulignant que l’absence d’exemption de droits de douanes sur le marché américain pénalise le secteur (ce qui justifierait un soutien promotionnel spécifique pour la filière). Si le cumul des difficultés s’abattant sur la filière est connu et partagé par les pouvoirs publics, français et européens, il faut désormais s’attacher à se donner les moyens de les résoudre pour maintenir le tissu viticole soumis à rude épreuve depuis de trop longues années. « Dans une terre, dont le maître s'est éloigné, on voit un arbre de riche espérance devenir stérile » écrivait Chateaubriand.