lors que la cartographie de limite d’indemnisation de l’incendie du 5 août (mise à jour le 25 août par les services de la préfecture de l’Aude) est accessible depuis quelques jours aux professionnels sur le portail dédié viti-incendie.fr, celle-ci est à présent rejointe par les zones d’emprise des feux de l’été dans l’Aude, basée sur l’exposition du vignoble aux fumées fondée sur l’indicateur monoxyde de carbone en basse altitude. Depuis ce jour, la carte du risque de goût de fumée qui s’incrémentera progressivement avec les résultats d’analyse convertis (140 ce 29 août) en niveau de risque (de 0 à 4) est également accessible aux vignerons (et uniquement à eux) devant décider comment ils vont conduire leur récolte.
Réalisée grâce aux analyses des laboratoires Dubernet sur la base de prélèvements sur des parcelles correspondant au quadrillage des secteurs exposés, cette dernière carte offre aux vignerons une indication précise du risque de développement de goûts de fumée au cours de la vinification de leurs raisins, leur permettant d'adapter leurs vinifications. « Ces résultats d’analyse sur raisin mettent en évidence un lien direct entre la contamination en précurseurs glycosylés et la distance avec le feu et donc la température et l’âge des fumées », explique le responsable des unités d’analyse fine des laboratoires Dubernet Vincent Bouazza. Les résultats confirment que les parcelles dans la zone d’emprise de l’incendie sont toutes fortement touchées, niveau 3 ou 4. Celles situées dans la zone tampon présentent un niveau de 2 à 3 au plus près du feu, et de 1 à 2 plus loin. Celles qui sont hors de cette zone tampon ne devraient pas présenter de goûts de fumée après vinification selon les résultats des laboratoires Dubernet.


Le vignoble des Corbières, touché de plein fouet par le plus important incendie de l’été, peut compter, en plus du fonds d’urgence débloqué par le gouvernement, d’élans de solidarité « des citoyens, des élus et de toutes les organisations professionnelles agricoles et syndicales, au premier rang desquelles la Chambre d’agriculture », apprécie le président des Vignerons indépendants de l’Aude (VI 11) Christophe Gualco.
Pourtant, à l’heure du bilan de ces feux, et des conditions d’attribution du fonds d’urgence, pas entièrement finalisées à ce jour, ce sont toujours les perspectives d’avenir qui continuent de questionner les responsables viticoles. De la coopération aux Vignerons indépendants, en passant par le syndicat des Vignerons de l’Aude, tous n’attendent que la mise en œuvre du plan d’avenir annoncé par le premier Ministre François Bayrou le 15 août. « Accès à l’eau, assurances, banques, variétés résistantes… toutes les composantes de ce plan Marshall doivent être intégrées pour garder un avenir pour la viticulture audoise », résument Christophe Gualco ou Damien Onnore, le président du syndicat des Vignerons de l’Aude. Estimant que l’ampleur de cet incendie et son impact sur la population civile « a réveillé les consciences chez les responsables, nous mettant tous dans le même bateau », explique le président de l’AOC Corbières Olivier Verdale, une question, bien au-delà de la seule considération viticole, revient sur toutes les lèvres : « demain, comment vivrons-nous ici ?» si des mesures fortes ne sont pas engagées.