yant l’impression de s’être faits oubliés et de passer entre les gouttes des menaces tarifaires du président américain Donald Trump, les pays restant au plancher de 10 % de droits de douane imposés depuis le 9 avril pour l’importation de produits aux États-Unis préfèrent rester discrets, tout comme leurs filières vins, peu disertes sur le sujet. Restent ainsi à 10 % les vins d’Argentine, d’Australie, du Chili, de la Nouvelle-Zélande… Quittant ce taux de 10 % pour atteindre celui de 15 % à partir du jeudi 7 août, les vins européens en général et ceux français en particulier s’apprêtent à perdre en compétitivité et attractivité, d’autant plus que cette hausse douanière se double d’une dévaluation du dollar face à l’euro ajoutant déjà 15 % aux prix des vins importés.
Espérant que les négociations affinant l’accord commercial entre Bruxelles et Washington puissent aboutir à l’exemption de droits de douane pour les vins (et spiritueux) pour qu’ils passent à 0 % ce début août, la filière des vins européens (France, Italie, Espagne, Portugal, Allemagne…) a déjà de quoi donner envie aux vignobles de pays bien plus taxés par l’administration Trump : 50 % pour le Brésil, 39 % pour la Suisse, 35 % pour le Canada, 30 % pour l’Afrique du Sud… L’interprofession des vins d’Afrique du Sud partage sa « profonde préoccupation » devant ces 30 %, pointant que « cette décision place notre industrie dans une situation très désavantageuse par rapport aux pays qui continuent à bénéficier de droits de douane moins élevés. Nous collaborons activement avec le gouvernement sud-africain et les parties prenantes concernées afin de soutenir les efforts diplomatiques urgents visant à obtenir des conditions commerciales plus favorables.
Marché aussi crucial qu’instable
Premier pays consommateur de vin au monde (33,3 millions hl de vin en 2024), les États-Unis sont le troisième importateur de vins au monde (12,3 millions hl), sa consommation étant très majoritairement composée de vins domestiques (Californie, Oregon, Washington…). Déjà sous pression, « le marché américain du vin reste soumis à des vents contraires depuis la pandémie de covid, entraînant une diminution de la consommation globale de vin au cours des cinq dernières années » note récemment l’interprofession Wine Australia, qui enregistre ce premier semestre 2025 le niveau le plus faible depuis 20 ans des expéditions australiennes de vin vers les États-Unis. Une contre-performance multifactorielle pour l’institution australienne, qui cite « les préoccupations en matière de santé et de bien-être (notamment pour les consommateurs de vin plus âgés, le manque de recrutement des jeunes générations pour la consommation de vin, la concurrence accrue des autres boissons alcoolisées, les stocks élevés chez les grossistes et l'incertitude politico-économique persistante, y compris les droits de douane ». Leur niveau semblant aussi aléatoirement fixé qu’incertain dans la durée.