uspendues à la publication d’une déclaration commune entre Washington et Bruxelles attendue avant la date butoir du premier août, les précisions sur l’accord commercial entre les États-Unis et l’Union Européenne de ce dimanche 27 juillet se font attendre : les vins et spiritueux tomberont-ils sous le coup des 15 % de droits de douane ou seront-ils exemptés selon le zéro pour zéro ? C’est la question qui taraude tous les exportateurs de vins et spiritueux… Les premiers ayant moins de raisons d'être rassurés que les seconds d’après les derniers échos de négociations. « Suite aux discussions présidentielles, les équipes techniques de l'UE et des États-Unis peaufinent les derniers détails, notamment la finalisation des discussions sur les produits spécifiques qui bénéficieront d'une exonération du droit de douane global de 15 % » indique à Vitisphere Olof Gill, le porte-parole pour le commerce de la Commission Européenne.
Si aucune date n’est communiquée, ni connue semble-t-il, pour la déclaration conjointe ou le début des droits de douanes, « nous publierons plus d'informations dès que possible » ajoute-t-il, pointant qu’à Bruxelles « la Commission européenne reste déterminée à collaborer étroitement avec les États-Unis afin d'obtenir le maximum d'exceptions, y compris pour les produits traditionnels de l'Union Européenne, tels que le vin et les vins mousseux » précise Olof Gill, pointant que « les discussions sur l'élargissement du champ d'application de ces exceptions se poursuivront après le 1er août, le temps que les deux parties mettent en œuvre l'accord ».


Lors d’une conférence de presse ce 29 juillet, Olof Gill répète que « la déclaration, arrive, on ne sait pas quand, le plus vite possible », alors que les négociateurs américains et européens sont « encore en train de finaliser la déclaration conjointe ». Pour le porte-parole, « dimanche les deux présidents se sont mis d’accord politiquement. Ce que nous faisons maintenant, c’est définir tous les détails, s’assurer que tout ce qui doit s’y retrouver y est. Ensuite il y aura une décision conjointe. Je ne peux pas vous dire quand, mais ce sera le plus vite possible. » Sachant que cette déclaration sera « un feuille de route, pas contraignante juridiquement », mais servant de base pour des échanges commerciaux stabilisés à l’avenir. Face aux critiques sur le déséquilibre de l’accord, Olof Gill, pointe que l’« on parlait de 50 % droits de douane encore récemment » et que « 15 % n’est pas la solution idéale pour l’Union Européenne, mais pas pour les États-Unis non plus. On pense que c’est un bon point de départ pour avancer. »
Si la filière vin se félicite d’une perspective de stabilisation des échanges commerciaux avec sa première destination export (19,5 millions de caisses de 9 litres pour 2,3 milliards €), les 15 % qui pourraient cibler ses expéditions restent inquiétantes et poussent une demande d’exemption de toute taxe. À date, « s’agissant des vins, tout n’est pas encore écrit à ce jour » constate Gabriel Picard, le président de la Fédération des Exportateurs de Vins et Spiritueux (FEVS), ajoutant que « c’est pourquoi nous encourageons la Commission européenne et la France à s’engager pleinement dans cette dernière ligne droite, pour obtenir la réduction des droits de douane sur les vins, proposition soutenue par les acteurs américains comme européens ». Concrètement, un droit de douanes à 15 % « pénaliserait nos exportations de vins français aux États-Unis (en nécessitant de voir comment partager les hausses entre parties) alors que la parité euro dollar les affaiblit déjà (avec 10 % de taxes appliquées depuis avril. Ce serait un coup dur supplémentaire » prévient Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants de France.


Dans un contexte de crise viticole, « il faut les taux les plus proches possible de zéro. Sinon, ce sera une nouvelle entrave à nos capacités à commercer. Que l’on soit acteur du marché américain ou pas, les vins allant moins aux États-Unis repartant sur d’autres marchés et donnant des claques aux copains » confirme Joël Boueilh, le président des Vignerons Coopérateurs. Chiffrant à 317 millions € le coût pour les vins italiens de +15 % de droits américains, les vins italiens commencent déjà à demander des aides compensatrices à l’Union Européenne.