nnoncé ce dimanche 27 juillet, l’accord commercial entre les États-Unis et l’Union Européenne ferme le risque de 30 % de droits de douane dès ce premier août, mais ouvre la question de savoir si les vins et spiritueux bénéficient d’une exemption de tarifs (zéro pour zéro) ou tombent sous le coup de la taxe unique dévoilée (15 %). Reçu ce 28 juillet par la matinale de France Inter,le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Laurent Saint-Martin, rapporte que « les spiritueux devraient être dans l’accord 0 pour 0. Normalement, ils y sont. Hier ont été accordés de grands principes et maintenant nous allons rentrer dans le dur et dans le détail. Nous comprenons que les spiritueux sont bien exemptés. Et c’est heureux, la filière Cognac notamment avait été attaquée par les Chinois ces derniers mois. » Mais comme craint, les vins ne seraient pas concernés par cet accord (comme les fromages, cosmétiques, produits de luxe…). Pour « toutes les filières qui ne seront pas exemptées, nous allons travailler à ce qu’elles soient exemptées, la messe n’est pas dite » réagit Laurent Saint-Martin, qui appelle déjà la Commission Européenne
Contactés ce matin, les représentants de la filière vin ne savent pas sur quel pied danser : alors qu’un briefing des ambassadeurs de l’Union Européenne a lieu ce matin pour informer les États membres du cadre trouvé entre Bruxelles et Washington, c’est surtout l’impression de flou qui persiste. « Rien n’est clair, le cabinet de la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a l’air un peu perdu. Je ne comprends pas pourquoi elle n’a pas réussi à embarquer les vins avec les produits agricoles qui sont a priori à zéro » soupire un représentant du vignoble. « La situation n’est pas claire, tout le monde est sur les dents. On attend de voir ce qui est discuté et ce qui est discutable » évacue un négociant, notant que si le vin ne fait pas partie de l’accord d’exemption, la Commission annonce des négociations pour élargir la liste.
Regagner en stabilité
De quoi ajouter au sentiment de montagnes russes qui étreint la filière depuis des mois, et le retour du président américain Donald Trump et de sa politique du coup de force douanier. Si l’accord commercial signé entre Bruxelles et Washington semble déséquilibré pour l’Europe, « c’est un mal pour un bien » résume Jean-Marie Fabre, le président des Vignerons Indépendants, qui souligne que « mieux vaut un accord à 15 % que des menaces à 30 ou 200 %. Nous aurons plus de visibilité et éviterons l’épée de Damoclès permanente pesant sur nos échanges commerciaux. Cet accord permet de mettre fin à l’incertitude permanente de notre secteur. Les importateurs étaient inquiets et depuis un mois et demi il n’y avait plus de transactions entre les États-Unis et nous. Personne n’osait mettre un container sur l’eau sans connaitre les règles du jeu. »
Ne sachant pas en l’état si les vins seront exemptés ou non, Jean-Marie Fabre ne peut que regrette que les vins ne soient pas embarqués directement : « il y aurait une bonne nouvelle pour les spiritueux à 0 %. Et une mauvaise nouvelle pour les vins s’ils ne font pas partie du paquet d’exemption. Si tel était le cas, cela pénaliserait nos exportations de vins français aux États-Unis (en nécessitant de voir comment partager les hausses entre parties) alors que la parité euro dollar les affaiblit déjà (avec 10 % de taxes appliquées depuis avril. Ce serait un coup dur supplémentaire. »
Compenser les dégâts
Indiquant que 30 % de l’activité export des vignerons indépendants se fait aux États-Unis, leur président regrette que la présidente de la Commission n’ait pas en tête l’impact économique de la viticulture : « si des avantages avaient été négociés pour l’aéronautique et que le secteur vin avait été sacrifié, ce serait un camouflet. Une fois de plus, le secteur aurait été la variable d’ajustement de relations internationales. » Ce qui nécessiterait un soutien compensateur de Bruxelles pour Jean-Marie Fabre : « la Commission devrait dégager des volumes conséquents de la réserve de crise pour ses budgets 2025 et 2026, afin que la France bénéficie d’au moins 200 millions € pour mener rapidement les mesures conjoncturelles et structurelles demandées (arrachage, distillation…). Le Commission devrait également soutenir la promotion des vins pour développer des parts de marché et tamponner les effets d’augmentations de taxes américaines. »
Demandant un soutien immédiat de la Commission Européenne, Laurent Saint-Martin souhaite qu’après les débats transatlantique sur les produits, il y ait un sujet sur les services, notamment numériques. Ce qui pourrait conduire à de nouveaux affrontements diplomatiques, le sujet ayant déjà valu des menaces de taxes Trump sur les vins et spiritueux européens par le passé.