ualité et dynamique du monde, le yin et le yang frappent les exportateurs charentais et gascons avec la conclusion de l’enquête antidumping sur les brandies européens du Ministère chinois du commerce extérieur (MOFCOM). Côté pile la Chine impose ce 5 juillet des droits définitifs de 32,2 % sur les eaux-de-vie européennes importées (essentiellement cognacs et armagnacs), côté face la majorité des opérateurs bénéficiant d’un accord d’engagement sur les prix minimums est exemptée de mesures de rétorsion (et la restitution des cautions douanières de 38 % en vigueur depuis octobre 2024). Si les réactions à ces annonces sont globalement positives, elles restent ambivalentes : si c’est mieux que si c’était pire, ce n’est pas parfait.
Réunissant 42 négoces (pour 99 % des expéditions charentaises), le Syndicat des Maisons de Cognac (SMC) salue dans un communiqué « un accord partiel, mais la vigilance reste totale ». Notant que « ces engagements permettent à large majorité de maisons de maintenir une activité plus stable en Chine, ils ne sauraient constituer une solution durable » nuance le SMC, qui relève « toujours le blocage du marché du duty free en Chine » (20 % des ventes par le passé) et « l’exclusion de certaines entreprises du régime d’engagement de prix en dépit de leur totale collaboration à l’enquête »


Dans un communiqué similaire, le Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac (BNIA) « exhorte le MOFCOM d’intégrer tout opérateur d’Armagnac dans ce dispositif », alors que cette étape est « loin d’être considérée comme une victoire », mais permet de nouveau de se projeter. « Taxes supplémentaires ou engagements de prix minimum, c’est le moins pire pour nos exportateurs ! » résume Jérôme Delord, le président du BNIA, indiquant que « nous devons retrouver une situation normale. Nous allons poursuivre notre combat avec nos représentants pour revenir à la situation d’avant. Notre filière est déjà bien endommagée par des tensions géopolitiques et économiques internationales. »
Pour revenir à Cognac, « 90 % des volumes échappent [avec les prix minimums] à la taxe moyenne de 32,2 % » annonce l’Union Générale des Viticulteurs pour l’AOC Cognac (UGVC), qui se félicite que « la filière retrouve ainsi des perspectives sur son deuxième marché » en volume. Mais le syndicat viticole note que « malheureusement le mal est fait et les conséquences dramatiques se font déjà sentir en viticulture » alors que des contrats d’achat du négoce sont revus à la baisse. En l’état, « l’UGVC continuera de se mobiliser pour obtenir l’abandon définitif de toute entrave en Chine, obtenir des compensations de la part de l’Union européenne pour les très lourds dommages causés par l’enquête, préserver au maximum la viticulture. » Le yin et le yang restent la dualité et la dynamique du monde.