uelles sont les priorités de votre mandat ?
Julien Franclet : Mon mandat est dans la continuité de ce que faisait SudVinBio jusque-là. J’en suis administrateur depuis 2017 et membre du bureau depuis plus de cinq ans. La priorité est l’organisation du salon Millésime Bio, qui doit rester la place forte de la commercialisation des vins bio sur un secteur concurrentiel. Nous devons améliorer le service et écouter les retours des exposants et visiteurs pour rester un lieu incontournable. C’est notre priorité numéro 1.
Les dernières éditions de Millésime Bio ont connu un bilan plus mitigé que par le passé, alors que l'évènement Wine Paris monte en puissance… Et en concurrence. Comment allez-vous réagir ?
On se rend compte que les visiteurs font moins de salon. Ils ont aussi des difficultés économiques. Ils sont moins nombreux, restent moins longtemps et viennent moins souvent. Pour continuer à les attirer, on se doit d’améliorer la qualité du salon. Je crois que l’on arrive à avoir un bon visitorat les exposants seront au rendez-vous. L’autre point clé de SudVinBio est de développer sa place et sa notoriété en région, de développer le service aux adhérents…
En 2024, on voit la réduction pour la première fois des surfaces nationales du vignoble bio, est-ce une crise des convertis et des conversions ?
Il y a un décrochage des surfaces. Je suis persuadé qu’il faut travailler sur la partie aval de la filière, pour faire en sorte que les gens consomment des vins bio plus que des vins conventionnels. Pendant longtemps, la filière a été en manque de volumes de vins bio, aujourd’hui le vignoble s’est fortement converti (on a doublé la production en 5 ans), il faut être capable de trouver des débouchés pour limiter les déconversions. Il y a un gros travail à faire en GMS (Grandes et Moyennes Surfaces), c’est le seul secteur dont les ventes baissent en volumes pour les vins bio. Les situations sont contrastées, il y a un grand écart entre les ventes en vrac qui sont compliquées et les ventes en bouteilles qui se portent mieux.
Est-ce une crise de croissance de l’offre ou une crise de la demande liée à l’inflation, ou les deux ?
C’est une crise de croissance. Les chiffres ne se sont pas effondrés, il n’y a pas de retour 10 ans en arrière. Il faut travailler la partie aval avec la GMS en réussissant à faire que le secteur de la grande distribution ne soit pas délaissé. Il y a les secteurs classiques qui sont en hausse (vente directe, cavistes, restauration, magasins spécialisés…), mais il faut réussir trouver des marchés en GMS pour garder des volumes. Si le marché n’est pas capable d’absorber tous les volumes de vins bio, on va encore avoir des déconversions. C’est dommage, car je suis persuadé qu’à un moment la consommation repartira et on risquera d’avoir de nouveaux à-coups. Il faut lisser et maintenir la production et la commercialisation de vins bio.
Je ne dis pas que tous les vins bio doivent être vendus en GMS, mais qu’il n’est pas possible que les vins en vrac qui ne trouvent pas de marché soient parfois vendus en conventionnel alors que leur production a coûté plus cher. On ne peut pas aller en GMS à n’importe quel prix en bradant les vins. Un outil comme le prix d’orientation de la coopération est intéressant pour aller sur ces marchés.
Sudvinbio était jusque-là très languedocien, avec votre arrivée l’interprofession prend l’accent du Sud-Ouest.
Avant la création de la région Occitanie (en 2016), nous n’avions pas de structure interprofessionnelle bio en région Midi-Pyrénées (il était possible d’adhérer au Syndicat des Vins Bio de Nouvelle-Aquitaine comme nous étions limitrophes)). Après la réforme des régions, Sudvinbio est arrivé pour étendre son champ d’action et chercher deux administrateurs de Midi-Pyrénées. J’ai levé la main, comme je participais à Millésime Bio et que je jalousais les vignerons qui avaient un tel outil ! Je fais partie de la minorité de l’Ouest de SudVinBio, à l’image des superficies du vignoble bio.
Quel est votre lien à la filière vin ?
J’ai grandi dans le centre de Toulouse, je ne me destinais pas à faire du vin, mais un stage en cave coopérative m’a fait rencontrer un œnologue qui m’a donné envie de faire ce métier. J’ai travaillé dans des domaines dont celui de Séailles en 2009 où je me suis associé en 2016 avec la famille propriétaire Laberenne.