menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Viticulture / "En 2024 je n'ai récolté que 12 hl/ha malgré 15 traitements", rincés par le mildiou, ces vignerons arrêtent le bio
"En 2024 je n'ai récolté que 12 hl/ha malgré 15 traitements", rincés par le mildiou, ces vignerons arrêtent le bio
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Déconversion
"En 2024 je n'ai récolté que 12 hl/ha malgré 15 traitements", rincés par le mildiou, ces vignerons arrêtent le bio

Confrontés à des pertes répétées de récoltes causées par de virulentes attaques de mildiou, des vignerons arrêtent le bio pour sauver leur exploitation.
Par Elisa Centis Le 27 juin 2025
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
« Après la dernière récolte, j'ai fini de manger nos économies. Je ne veux pas continuer ainsi », indique Pascal Pelissou, vigneron à Brens dans le Tarn et à la tête d'une entreprise familiale qui doit assurer des revenus pour trois personnes à temps plein - crédit photo : DR
C

omme Pascal Pélissou, de nombreux vignerons ont perdu une part importante de leur production en bio à cause du mildiou ces dernières années. Jusqu’en 2024, ce coopérateur cultivait 25 de ses 65 ha en bio, à Brens dans le Tarn. Mais en fin de campagne, il arrête. « On a pris le gel, la grêle et le printemps a été très pluvieux. On a eu du mildiou comme en 2023. Alors que j’ai récolté 50 hl/ha en conventionnel, je n'ai obtenu que 12 hl/ha en bio malgré 15 traitements », expose ce producteur de Comté Tolosan, de Côtes-du-Tarn et de Gaillac.

En Gironde, un vigneron labellisé bio en 2012, n’a pas attendu aussi longtemps pour changer de stratégie. En avril 2024, alors qu'il constate que la saison démarre comme en 2023, année où il n’a rentré que 15 hl/ha à cause du mildiou, il arrête le bio. « L'unique raison est l'impasse technique. Les produits dont nous disposons en bio ne sont pas suffisants pour protéger notre culture. Le bio est plus vertueux, mais financièrement, ce n'était pas viable d'avoir deux mauvaises années consécutives. Sachant que déjà en 2021, je n'avais déjà fait que 25 hl/ha », précise-t-il, employant cinq équivalents temps plein.

Rendements insuffisants et des prix de vente qui ne compensent pas

Dans le Gard, Jean-François Chabert, n'avait plus d’autre le choix, lui non plus. « C'est une question de survie de l'exploitation », souligne le président des Vignerons des 4 chemins qui vient d’arrêter le bio après avoir tiré le bilan très négatif des dernières saisons. « Les rendements sur les deux dernières années sont insuffisants et les prix de vente ne compensent pas », explique ce vigneron qui a commencé en 2019 à convertir ses 60 hectares à Bagnols-sur-Cèze.

« En 2023, j'ai produit 30 hl/ha en AOC Côtes-du-Rhône et 20 hl/ha en IGP Pays d'Oc, à cause du mildiou et du black-rot, pour un potentiel de 50 hl/ha en AOC et 90 hl/ha en IGP. J’ai perdu 50% de mon chiffre d’affaires. En 2024, j'ai produit 37 hl/ha en AOC, et 20 hl/ha en IGP, toujours en raison du mildiou », détaille-t-il.

Jean-François Chabert ne se verse plus de salaire depuis deux ans mais il paie toujours ses deux salariés et les saisonniers qu’il emploie pour la taille, l'ébourgeonnage et une partie des vendanges. Suite à sa déconversion, il a demandé une dérogation pour ne pas avoir à payer les pénalités liées au fait que 32 ha de ses 60 ha étaient encore en conversion.

La pression économique a également joué un rôle dans le choix de Pascal Pélissou. Depuis 2021, son vignoble produit bien moins que ses 80 hl/ha de potentiel, tantôt à cause des aléas climatiques, tantôt à cause du mildiou. Résultat : « Après la dernière récolte, j'ai fini de manger nos économies. Je ne veux pas continuer ainsi », indique le vigneron à la tête d'une entreprise familiale qui doit assurer des revenus pour trois personnes à temps plein et qui confie retourner à une agriculture lui correspondant davantage.

« Je suis un vigneron technicien, explique-t-il. Quand j'ai récupéré ces 25 ha de vignes en 2013 elles étaient déjà bio. J'ai continué car j’y ai vu l’opportunité d'apprendre un autre mode de conduite. Finalement, je reviens à une méthode qui est plus la mienne. J'ai aussi l'impression qu'il n'y aura pas d'évolution sur les pratiques en bio, car depuis plus dix ans que j’y suis, le cahier des charges a peu changé. »

La poire en deux

Pour sa part Hubert de Morogues, a coupé la poire en deux. Mi-avril cette année, constatant une météo très pluvieuse, il repasse en conventionnel 5 des 20 ha qu'il cultive en bio. « J'ai arrêté le bio sur les 5 ha que je destine à la coopérative de Quissac. Cela devrait m’assurer un revenu de ce côté-là », explique-t-il.

Hubert de Morogues exploite deux propriétés : Château de Roux dans le Gard labellisé en 2021 (AOP Duché d'Uzès et IGP Cévennes) et le Clos de Londres dans l'Hérault labellisé en 2022 (IGP Saint-Guilhem-le-Désert). En ce début de campagne, il redoutait une année aussi difficile que 2024. « L’an dernier, j’ai produit 30 hl/ha en moyenne contre 60 hl/ha avant le passage au bio en 2021, alors que j’ai traité à 10 reprises », insiste-t-il. Hubert de Morogues reste en bio pour les raisins qu'il vinifie en chai particulier. « J'ai gagné des marchés en bouteilles car je suis en bio, si j'arrête je les perds. Et comme je valorise mieux le bio en bouteilles, je m'y retrouve malgré les pertes de récolte. »

En Gironde, le vigneron précité vend toute sa production en bouteilles espère que ses clients vont le suivre. Son saint-émilion 2024 ne sera en vente qu'en avril 2026 et il a encore du côtes-de-castillon bio en stock. Il se donne encore un peu de temps pour expliquer sa décision à ses acheteurs.

 

4 % de baisse

En 2024, le vignoble bio perd 6700 ha pour totaliser 164500 ha certifiés ou en conversion. Ce recul de 4% est le premier après 25 ans de croissance. Ce repli provient de la chute vertigineuse des surfaces en conversion qui passent de 39500 ha en 2023 à 22700 ha en 2024. Il s’agit d’une baisse d’autant plus notable que « le secteur de la vigne était le seul ayant dépassé les objectifs nationaux de 21 % de surfaces en bio, pointe Laure Verdeau, la directrice de l’Agence Bio. Les surfaces en conversion reculent dans tous les départements, à commencer par la Gironde, le premier département bio en nombre d’hectares, où il ne reste que 4900 ha en conversion en 2024, soit 60 % de moins en un an. Pour l’Agence bio, le manque de débouchés, la pression sanitaire et la hausse des coûts de production expliquent ce recul.

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Tous les commentaires (3)
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous
VIG-MIC Le 01 juillet 2025 à 11:19:40
Bio ou HVE? Il y a un aspect dont personne ne parle, c'est le bilan carbone. En HVE sur 65 ha je consomme autour de 10000 L de GNR. En Bio je pense que je serai à 15000 L. Exemple: 2 à 3 labours par an entre 7 et 9 Km/h contre 6 à 7 labours en Bio à 4 ou 5 Km/h. Autre exemple: 5 traitements anti-mildiou contre 15 sans être sur de sauver la récolte. Le Bio pollue plus l'atmosphère mais moins les sols. Faut choisir! par les temps qui courent de mon point de vu il n'y a pas photo!
Signaler ce contenu comme inapproprié
Grenier Le 29 juin 2025 à 17:16:00
Changer de cépages.
Signaler ce contenu comme inapproprié
Albert Le 29 juin 2025 à 12:12:02
Ok, admettons .. mais je me demande si revenir au "conventionnel" garantira forcément de beaux lendemains à cette viticulture qui, dans le meilleur des cas, se pare de cette trompeuse vertu qu'est le HVE .. quiconque jette un oeil à ce cahier des charges peut se demander à quoi ça rime de mettre un cataplasme sur une jambe de bois ! .. les intrans n'y sont pas bannis.. on y a recours de manière "raisonnée" .. à quoi ça rime ce HVE ?
Signaler ce contenu comme inapproprié

vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Viticulture
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé