Le conseil d'administration a le plaisir d'annoncer l'arrivée de Franck Marilly en tant que directeur général » de Rémy Cointreau annonce ce 28 mai un communiqué du groupe de liqueurs et spiritueux (cognac Rémy Martin, whisky écossais Bruichladdich, liqueur Cointreau…). Prenant son poste de directeur général dès le 25 juin, Franck Marilly (59 ans) sera secondé « afin d'assurer une transition harmonieuse » par son prédécesseur, Éric Vallat (54 ans), dont la démission avait été annoncée le 9 avril après cinq années en fonction pour « se consacrer à un nouveau projet professionnel » (après avoir été le PDG des cognacs Rémy Martin de 2014 à 2019). Franck Marilly quitte lui-même le poste de PDG des divisions parfums (marques Clé de Peau Beauté, Issey Miyake, Zadig&Voltaire, Shiseido Ginza Tokyo…) et Europe-Moyen-Orient-Afrique (EMEA) du groupe de cosmétiques japonais Shiseido (qu’il occupait depuis 2018). « La vie, c'est prendre des risques, accepter les changements, repousser les limites et continuer à grandir » indique Franck Marilly lors de l’annonce sur Linkedin de son départ de Shiseido.
Les risques ne manquent pas pour le groupe Rémy Cointreau (984,6 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2024-2025, -18 % en un an), qui compte mobiliser l’expérience de Franck Marilly après « plus de 30 années passées au sein de groupes de renom du luxe et de la cosmétique, comme Chanel, Unilever et le groupe japonais Shiseido » et « sa parfaite connaissance de ses marchés clés, ayant vécu dans de nombreux pays européens ainsi qu'aux États-Unis ». Supervisant la période de transition, Marie-Amélie de Leusse (47 ans), présidente du conseil d'administration de Rémy Cointreau, souligne que « nous sommes convaincus que [Franck Marilly] apportera une nouvelle dynamique, et saura aborder avec confiance, dans un contexte macroéconomique et géopolitique complexe, les nouveaux enjeux de la croissance du groupe. »


Parmi les défis de la nouvelle direction se trouvent les vents contraires affrontés par les cognacs sur leurs premiers marchés : l’enquête antidumping chinoise (dont l’issue est attendue ce 5 juillet, alors que des droits de douane provisoires de 38 % pèsent depuis le 11 octobre 2024) et les annonces successives de "tarifs réciproques" aux États-Unis (10 % depuis le 9 avril, peut-être 50 % le 9 juillet). En Chine, « si ces droits provisoires étaient confirmés, le groupe activerait son plan d’action pour en atténuer les effets à partir de 2025-2026 » indiquait Rémy Cointreau lors de la présentation de ses résultats trimestriels le 9 avril. Sachant que des réductions d’achat pour la vendange 2025 sont déjà actées auprès des viticulteurs partenaires charentais. Les surstocks du négoce charentais pesant, face au retournement du marché déséquilibrant une offre abondante face à une demande se réduisant, et étant soumise à de fortes incertitudes économiques et géopolitiques.
Sur le quatrième trimestre 2024-2025, l’activité cognac de Rémy Cointreau a accusé un repli de « 32,8% en organique », avec un « recul important des ventes en Chine, impactées par une base de comparaison exceptionnellement élevée, la non-accessibilité du duty free chinois [NDLR : depuis décembre], un effet calendaire négatif (nouvel an chinois) et des conditions de marché difficiles » alors que le groupe se félicitait d’une « forte croissance des ventes aux États-Unis [sur] une base de comparaison très favorable ». Présentant ses résultats annuels le 4 juin, le groupe Rémy Cointreau estimait fin avril que « l’année 2024-2025 s’inscrit comme une année de transition qui permettra notamment de finaliser l’ajustement des stocks de la région Amériques et de reprendre, à partir de 2025-2026 la trajectoire fixée à horizon 2029-2030 : croissance à un chiffre élevé et une amélioration organique progressive de la marge opérationnelle courante ».