enis Degache ne s'était pas préparé à être élu à la tête des appellations Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh. A l'approche de l'élection, en mars, il n'y avait pas beaucoup de candidats pour prendre la suite de Pascal Savoret, qui occupait le siège depuis 2019. « Au vu des différents sujets techniques et commerciaux [qu'il était] collectivement important de porter », expose Denis Degache, il lui est apparu qu'il pouvait apporter son aide. « Mes connaissances au niveau du marché et celles administratives, sur les rouages de la viti-viniculture, peuvent accompagner le changement », expose celui qui a été pendant 20 ans directeur de la cave coopérative de Crouseilles. Devenu en 2020 vigneron-coopérateur bio, il s'est petit à petit investi dans l'Organisme de Défense et de Gestion (ODG). D'abord comme administrateur, puis en tant que vice-président pendant deux ans, en 2023 et 2024.
A 58 ans, le nouveau président considère qu'il « n'incarne pas la relève », mais plutôt « un relais » pour « la génération des 30-40 ans qui prendra la suite ». Pour aider celles et ceux qui viennent de s'installer ou s'installeront, il a identifié plusieurs chantiers.
Denis Degache pense notamment au travail à accomplir sur l'image de Madiran. L'appellation évoque « un vin puissant », mais cela peut être également des jus « sur le fruit, digeste, facile à boire », assure-t-il.
Ce premier chantier a déjà été entamé avec une demande de modification du cahier des charges. L'ODG a sollicité une réduction de la durée minimum d'élevage. Elle passerait du 1er novembre de l’année qui suit la récolte, au 1er mai. « Ainsi, nous allons pouvoir mettre en marché des vins plus fruités, plus digestes, plus tendances tout en gardant bien entendu nos racines et notre identité Madiran grâce à notre fameux cépage local le tannat », défend le nouveau président. La place du tannat sera renforcée. « En vin fini, on a demandé à passer à minimum 60% contre 50% aujourd'hui », ajoute-t-il. Ce changement vise en particulier les entrées de gamme, plus à la peine au niveau commercial. « A côté, on a toujours des Madiran de deux ans d'élevage. Ils ont leur clientèle, la mise en marché de ces vins-là se maintient », tient à préciser Denis Degache. Le cahier des charges modifié passera en juin devant le bureau national de l'Institut National de l'origine et de la qualité, la commission d'enquête ayant terminé son travail. « L'application pour la durée d'élevage pourrait entrer en vigueur dès le millésime 2025 », indique encore Denis Degache.
Une demande de modification a également été formulée pour l'appellation Pacherenc du Vic-Bilh. Pour le doux, il s'agit de confirmer la domination du petit manseng dans l'élaboration de ces cuvées (possibilité de faire du monocépage et 60% minimum du vin fini). Pour le sec, l'objectif est de clarifier la place des trois cépages principaux : petit manseng, gros manseng et petit courbu (ensemble ou séparément ils devront représenter 60% du vin fini, et possibilité de les utiliser en monocépage).


Le nouveau président planche également sur d'autres sujets. « Il faut parvenir à maintenir nos surfaces. Ces dernières années, on les a vu décroître. Il faut renouer avec une dynamique », insiste le vigneron-coopérateur à la tête d'une ODG d'un peu moins de 200 viticultrices et viticulteurs. Et de poursuivre : « Il faut continuer le travail sur les cépages résistants, mais aussi la flavescence dorée... »
Dans sa mission, Denis Degache sera accompagné par un représentant de cette jeune génération qu'il veut voir prendre la suite. Bastien Lanusse, vigneron indépendant du château du Pouey, est son vice-président. « Il va gérer l'accueil de la maison des vins, les ressources humaines et il va m'accompagner auprès de l'Interprofession des Vins du Sud Ouest (IVSO) », conclut le président.