e 16 avril à l’occasion de la réunion à la préfecture de Gironde de la cellule opérationnelle sur la viticulture (ex-cellule de crise lancée fin 2022), les représentants de la filière des vins de Bordeaux ont pu prendre connaissance de chiffres jusque-là inédits des difficultés viticoles : le nombre de procédures collectives ouvertes en 2024 par les tribunaux judiciaires de Libourne et de Bordeaux. Et leurs évolutions : +58 % avec les 86 défaillances recensées à Libourne en 2024 par rapport à 2023 (dont les 58 ouvertures étaient déjà en hausse de 61 % par rapport à 2022). Pour Bordeaux, ce sont 179 procédures qui ont été ouvertes en 2024, avec 19 sauvegardes judiciaires, 73 redressements judiciaires, 51 liquidations judiciaires, mais aussi 23 conversions de procédures en liquidations judiciaires et 13 résolutions de plan de redressement en liquidations judiciaires. Témoignant que la situation ne s’améliore pas, ce premier trimestre 2025 voit le tribunal judiciaire de Bordeaux enregistrer 29 ouvertures de procédures (5 sauvegardes, 14 redressements, 7 liquidation et 3 conversions en liquidations).
Alors que d’autres indicateurs nationaux témoignent d’une explosion des procédures collectives dans le vignoble (avec des codes d’activité d’entreprise suivis qui différent et arrivent à des chiffres différents), ces chiffres en direct des tribunaux confirment la fragilisation galopante de l’économie viticole bordelaise face aux déséquilibres entre dettes croissantes et recettes toujours plus réduites. Si le vignoble de Bordeaux se restructure rapidement (8 726 hectares à arracher par le plan girondin et 4 220 ha candidats à l’arrachage national) et que de nouveaux outils financiers sont ouverts (un prêt de consolidation de la dette pour regagner en trésorerie), « la crise viticole est profonde » pointe dans un communiqué Étienne Guyot, le préfet de la région Nouvelle-Aquitaine, qui note que « des exploitations souhaitent réduire leurs surfaces en production ou ne trouvent pas de repreneurs » et souhaite qu’« une estimation des surfaces restant à arracher soit faite par les professionnels ».




