Témoignages

Quatre pulvérisateurs innovants à l’épreuve du terrain

Pas de flux d’air avec la rampe Wulp de Praysbee : elle est à jet projeté. La bouillie pénètre dans la végétation grâce à l’oscillation des descentes et à des brosses qui soulèvent les feuilles avec leurs poils de « virevoltage ». Grâce à l’absence de turbine, cette rampe consomme peu de carburant et génère peu de bruit.

En 2024, Cédric Rougier, viticulteur dans le Cognac, l’a testée sur 5 ha lors de ses quatre derniers traitements. « Je suis satisfait du résultat, y compris sur des vignes vigoureuses. Je n’ai pas eu de maladie ni sur feuille ni sur grappe », se félicite-t-il. Cédric Rougier estime que la rampe Wulp a été aussi efficace que son pulvérisateur Win’Air de Berthoud qu’il a utilisé sur le reste de son domaine. S’il a traité avec un modèle d’essai équipé de quatre descentes pour traiter deux rangs par passage, le viticulteur a reçu son matériel définitif de six descentes pour la campagne 2025. « Durant les premiers traitements, je l’utiliserai avec quatre descentes pour traiter quatre rangs passage sans être en face par face », prévoit-il, confiant dans la qualité de l’application.

Cédric Rougier voit un autre intérêt dans la rampe Wulp : sa légèreté. « Si les sols sont mouillés, je ne remplirai qu’à moitié ma cuve de 800 l. Avec les PneuTrac sur le tracteur et le faible poids de la rampe, je devrais passer partout », assure-t-il.

Conseiller en agroéquipement à la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, Gérard Besnier a testé ce matériel il y a deux ans. Il reste nuancé sur son efficacité. « C’est un bon pulvérisateur de surface, mais sans assistance d’air, la bouillie a du mal à entrer dans la végétation », constate-t-il.

Les descentes LT-e ont été conçues en Champagne pour des traitements de précision en coteaux avec des chenillards. Elles sont équipées de cellules composées d’un ventilateur électrique qui précède la buse pour agiter le feuillage. En septembre 2024, la chambre d’agriculture de Gironde a été la première à les tester. Montée sur un chenillard, une rampe équipée de deux descentes a produit une pulvérisation de haute qualité. « Que ce soit sur les faces inférieures des feuilles ou sur la zone des grappes, les dépôts de bouillie sont parmi les meilleures de notre base de données. On ne s’attendait pas à obtenir une telle qualité de pulvérisation avec un chenillard car on n’a pas assez de puissance pour faire tourner une turbine », souligne Adel Kabache, de la chambre d’agriculture de Gironde. Ce technicien apprécie également la simplicité de conception de cet équipement et sa faible consommation. « Il n’y a pas de système pour limiter la dérive, mais on obtient un résultat satisfaisant avec des buses antidérive », ajoute-t-il. Seul inconvénient, les ventilateurs sont bruyants. Les concepteurs voudraient dorénavant adapter des buses PWM sur leur appareil pour moduler la dose selon le développement de la végétation.

Les descentes Aérotec, de Tec Pulvérisation et commercialisées par le réseau Pellenc, comportent quatre ventilateurs avec chacun une buse en leur centre. Le flux d’air rotationnel engendré par ces petites turbines porte la bouillie au cœur de la végétation.

À Bordeaux, après un an de test, Aquitaine Viti-Services a décidé d’en équiper quatre de ses six porteurs Optimum de Pellenc. « La qualité de traitement avec les pulvés d’origine n’était pas à la hauteur de nos attentes à cause d’un manque de volume d’air. Le nouveau montage est bien moins énergivore et la qualité de traitement est nettement améliorée », observe Thomas Flouret, gérant de l’entreprise, qui s’en est assuré en procédant à des tests avec des papiers hydrosensibles et de la fluorescéine. Mais son matériel a souffert d’un défaut de jeunesse.

« Les roulements ont eu tendance à se gripper, rapporte Thomas Flouret. Malgré cela, la machine a couvert 600 ha dans l’année. » Pour y remédier, Aérotec a revu ses descentes pour entraîner directement chaque ventilateur par un moteur hydraulique alors, qu’à l’origine, il n’y avait qu’un moteur en haut des descentes, suivi d’un entraînement par courroies et poulies. Un changement de nature à rendre les descentes plus fiables.

D’abord proposée en rétrofit sur du matériel existant et, plus récemment, sur des pulvérisateurs neufs, la technologie Bliss confine la pulvérisation à l’intérieur de deux lames d’air expulsées à très haute vitesse à l’avant et à l’arrière d’une descente portant des buses. Sortant à 200 km/h, la lame d’air avant sert également à agiter le feuillage. L’entreprise annonce une réduction de la dérive de 95 %, validée par le ministère de l’Agriculture.

À Bouzeron, en Bourgogne, le domaine de Villaine a équipé en 2024 l’un de ses trois enjambeurs avec une rampe Bliss pour traiter six rangs par passage. Menées en bio, les vignes ont reçu quinze traitements durant la campagne. « Avec la rampe Bliss, nous avons maîtrisé le mildiou aussi bien qu’avec nos cellules TB montées sur les enjambeurs Bobard. Finalement, j’ai eu plus de pertes à cause de la coulure que du mildiou », rapporte Pierre de Benoist, dirigeant du domaine.

Par ailleurs, les traitements ont été effectués à 150 l/ha durant les trois quarts de la campagne avec la rampe Bliss. « Avec les deux autres rampes, nous avons dû passer plus rapidement à 200 l/ha », témoigne le viticulteur qui se félicite de cette économie d’intrants et d’eau, un sujet qui lui tient à cœur. Pierre de Benoist confirme en outre les bonnes performances de l’outil en termes de dérive. « Je me suis mis dans le rang adjacent pendant un traitement. Je n’ai rien reçu », se souvient-il.

Gérard Besnier, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, a testé Bliss en 2023. « Les lames d’air avant et arrière canalisent bien le produit. Et côté bouillie, sa pénétration dans le feuillage est bonne », relate-t-il. L’expert s’interroge néanmoins sur le poids des diffuseurs. Selon lui, « mieux vaut s’équiper d’un pulvé Bliss que monter ces descentes sur une rampe existante ».