éflexe pavlovien ? « Gérez votre budget. Faites des économies facilement. L’astuce à connaître : boire moins d’alcool. En plus, ça réduit le risque de cancer » pose comme un cheveu sur la soupe une vidéo publicitaire de l’Institut National du Cancer (INCA). Cherchant à parler djeuns, pardon, à parler génération Z, "l'agence d'expertise sanitaire et scientifique en cancérologie de l'État" mène ce mois d’avril une campagne de communication "la fausse piste". Une opération qui entend reprendre les codes des influenceurs pour faire passer des messages de santé publique, mais qui ne réussit qu’à ressembler à des publicités web ou TV passant du coq à l’âne.
Une stratégie assumée « pour permettre aux jeunes générations de limiter leur exposition aux facteurs de risques évitables de cancers » avec « la promesse de formules et solutions miracles pour attirer l’attention des internautes sur des sujets de leur sphère d’intérêt » comme « conserver une peau parfaite, faire des économies facilement » alors que « la révélation, qui se cache derrière ces promesses, vient créer un effet de surprise. Car il suffit d’arrêter de fumer, de diminuer sa consommation d’alcool ! » résume fièrement un communiqué de l’INCA, ajoutant que « près de la moitié des cancers diagnostiqués chaque année sont attribuables à des facteurs de risques évitables ».
INCA pas cité
Si le communiqué parle bien « de l’alcool de manière excessive » comme cible de comportement à risque, la communication finale l’abandonne pour ne parler que d’alcool en général. Une sortie de fausse piste qui a de quoi faire grincer les dents vigneronnes, témoignant de la déconnexion entre vision sanitaire et pratiques sociales. Comme le rapporte le dernier baromètre de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), la consommation d’alcool des jeunes se réduit toujours plus et se concentre lors d’Alcoolisation Ponctuelles Intenses (API). Le fameux binge drinking qui accompagne une approche plus anglo-saxonne de la biture expresse aux bières et spiritueux, alors que décline la culture conviviale du repas au vin. Et qu’augmente la diffusion des diverses drogues illicites. Comme l’analysait le philosophe : « il dit qu’il voit pas le rapport ».