homas Tales, vigneron dans le Gers, en est convaincu : les UV, ça marche ! Ce vigneron installé à Lauraët cultive 110 ha de vignes en conventionnel. L’an passé, il a acquis un Hélios conçu par UV Boosting. Cet appareil, qui travaille sur deux rangs complets, émet des flashs UV-C qui stimulent les défenses de la vigne. Un investissement de 60 000 € « pour réduire l’impact des phytos », assure le vigneron.
Joueur, comme il le dit lui-même, Thomas Tales a éprouvé la machine sur 4 ha (2 ha de colombard et 2 ha de gros manseng) en ne les protégeant presque qu’avec des UV : « Avec Hélios, on roule entre 3 et 4 km/h pour deux rangs, alors qu’avec un pulvé, on traite quatre rangs à 7 km/h. Si on couple les UV et la pulvé, on y passe donc trop de temps. Ce n’est pas intéressant. Mon objectif est de remplacer les traitements par des UV. »
La parcelle de test étant très sensible à l’oïdium, le Gersois a d’abord appliqué un soufre à 25 % de la dose au débourrement, suivi, dix jours plus tard, d’un autre soufre associé à du Mikal à 25 % de la dose. « J’ai ensuite remisé le pulvé pendant un mois et demi. » En effet, à partir du stade 3 à 4 feuilles étalées, Thomas Tales n’a employé que des UV en passant tous les quatorze à seize jours. Mais, début juin, « on a pris 100 à 120 mm de pluie. On avait presque passé le stade fleur. Pour assurer la récolte, j’ai rebasculé sur un programme phyto classique pendant le reste de la saison. En tout, j’ai procédé à quatre passages d’UV dans cette parcelle, ce qui m’a permis d’économiser cinq traitements. Mais si on n’avait pas pris 100 mm de pluie, j’aurai continué avec les UV ».
Quel résultat ? « À la récolte, je n’ai pas vu de différence entre la parcelle test et le reste du domaine dans lequel j’ai appliqué onze traitements. Dans les deux cas, j’avais juste un peu de mildiou sur les pointes. Les UV ont également permis de bien combattre l’oïdium : je n’ai pas non plus vu de différence avec le reste du domaine. Et là où j’ai appliqué les UV, les feuilles sont restées vertes plus longtemps. L’avantage avec les UV, c’est qu’on est moins contraint par la météo. J’ai fait deux passages sous la pluie et ça n’a pas disjoncté. En revanche, la température ne doit pas dépasser 30 °C, sinon la plante n’est pas réceptive. »
Son confrère Christian Terrier, installé à Clessé, dans le Mâconnais, a acquis un Hélios deux rangs en 2023. Depuis, il mène un essai sur une parcelle de chardonnay partagée en deux parties : une où il applique les UV en complément de son programme habituel et l’autre qu’il protège uniquement avec ce programme. « J’ai commencé au stade pointe verte avec un mélange de cuivre et de soufre, programme que j’ai appliqué jusqu’à la fermeture de la grappe. À mi-saison, j’ai observé un décrochage dû aux cumuls de pluies trop importants. J’ai donc eu recours à des produits conventionnels. Dans la modalité Hélios, en plus des traitements, j’ai démarré les UV à deux feuilles étalées et suis repassé tous les treize ou quatorze jours jusqu’à la véraison », détaille le vigneron.
Avec ou sans UV, en 2024, Christian Terrier a récolté 20 à 30 % de moins que ses collègues qui travaillent à 100 % en conventionnel. Des pertes dues au mildiou. Mais dans la partie qui a bénéficié d’UV, les feuilles étaient plus vertes, les pellicules des baies plus épaisses et les bois plus sains. En revanche, appliqués seuls, les UV n’ont pas contrôlé le mildiou. « Sur 3 ou 4 ares, je n’ai traité qu’avec des UV. Cette parcelle a décroché juste après la chute des capuchons floraux. Je suis alors repassé aux produits conventionnels, mais c’était trop tard : j’ai perdu 60 % de la récolte. » Le vigneron ne baisse pas pour autant les bras : « Cette année, je vais commencer par les UV seuls et dès que la pression augmentera, je basculerai sur des traitements. »
Michel Jacob, viticulteur à Avirey-Lingey et cogérant de Champagne Serge Mathieu (11 ha), a travaillé avec UV Boosting dès 2018-2019. « J’ai participé à la mise au point de l’appareil », explique-t-il. Aujourd’hui, ce vigneron bio possède deux machines, chacune lui permettant de stimuler deux rangs complets et deux demi-rangs par passage.
« Généralement, on commence les UV à 3 feuilles étalées. Mais, l’an passé, on a fait un premier passage au stade pointe verte à cause d’un risque de gel car les UV renforcent aussi les défenses de la vigne contre le gel, explique le vigneron. Ensuite, on passe tous les 14 jours jusqu’à la nouaison en plus de nos traitements au cuivre. J’ai un témoin non traité qui a été entièrement détruit. Ailleurs, je n’ai récolté que 1 500 kg/ha en moyenne car la pression du mildiou était exceptionnelle. Même les conventionnels ont subi des pertes de récolte. Je suis néanmoins convaincu que les UV ont limité les dégâts et que, grâce à eux, on peut réduire le cuivre, notamment en les associant à des PNPP. Une chose est sûre : ils ont permis de réduire les dégâts de gel de 30 % et de renforcer la plante car il y avait plus de bois à la taille. » De quoi partir sur de bonnes bases pour 2025.
UV Boosting commercialise Hélios depuis 2021 sous deux gammes : l’une pour les enjambeurs avec jusqu’à huit panneaux pour stimuler quatre rangs par passage et l’autre pour les tracteurs interlignes pour stimuler deux rangs complets. Ces équipements sont alimentés par la prise de force. Pour quatre panneaux, comptez 59 950 €. UV Boosting affirme avoir vendu une centaine de machines dans une quinzaine de pays dont 60 à 70 en France.