entrant en vigueur ce 9 avril, les droits de douanes de 20 % annoncés comme « réciproques » par le président Donald Trump sur les produits européens laissent perplexes les vignerons franco-américains. « On aimerait bien qu'il y ait une exception pour Américains, ce n'est pas le cas ! » lance pince-sans-rire Constance Slaughter, à la tête du château de Mille (25 hectares de vignes bio dans le Vaucluse). Si la brutalité des 20 % des tarifs imposés inquiète dans la filière, la vigneronne ne veut pas céder à la panique pour son premier marché export (20 % de ses ventes) : « c'est un souci de plus pour une viticulture qui connait déjà une somme de problèmes. Je ne suis pas confiante, mais je ne vais pas en perdre le sommeil. L'un de nos importateurs américains nous explique être à la fois inquiet et attendre de voir : ça peut changer d'ici un mois, ou un an. Est-ce que les taxes vont rester ? En attendant, il faut gérer intelligemment. » Notamment avec la répartition des coûts entre importateurs, distributeurs, producteurs et clients.
« On parle de Trump tax. Les tarifs, si on écoute les économistes, ce sont des taxes aux consommateurs » résume Jonathan Pey, winemaker californien installé en Beaujolais (2,5 ha de vignes à Morgon et Fleurie). Pointant que la hausse des droits de douane va faire du mal aux familles des États-Unis, de France et d'ailleurs, le vigneron reste pour l'instant serein, n'ayant qu'une une palette dont l'expédition est suspendue depuis quelques semaines. « Ce sont des vins qui peuvent attendre et se bonifier en bouteille » note Jonathan Pey, qui reste circonspect : le président Donald Trump « n'est pas cohérent. Il change d'avis comme de chaussettes. La situation va changer pour les taxes sur le vin. Le problème pour le business, c'est de savoir quand et comment. C'est très difficile à dire. » Alors que l'industrie mondiale du vin n'est pas en forme, le winemaker ne croit pas que des taxes à l'importation relancent le vignoble californien, qui gère sa surproduction de vins d'entrée de gamme.
Mèche allumée
Autre source d'incertitudes, le risque d'une escalade dans la guerre commerciale ouverte entre les États-Unis et l'Union Européenne existe. Sur son réseau Truth Social, le président américain rappelle son « avertissement selon lequel tout pays qui se venge des États-Unis en émettant des tarifs supplémentaires, en plus de ses abus tarifaires à long terme à l'égard de notre pays, sera immédiatement confronté à de nouveaux tarifs considérablement plus élevés, en plus de ceux qui ont été fixés initialement ». Des négociations doivent désormais s'ouvrir.



