n casse les codes en Anjou. Pour financer leur installation, Flora Burger, originaire d’Alsace et Clément Chaillet, le Bourguignon, ont trouvé une réponse innovante. Une banque, la Caisse d’Epargne Bretagne Pays de la Loire a décidé, non pas de leur octroyer un prêt pour leur permette d’acheter une exploitation, mais d’investir avec eux.
Courant 2024, Flora et Clément craquent pour le domaine Saint-Arnoul, 34 ha à Martigné-Briand au sud d’Angers. Pour le racheter, une filiale ad hoc de la Caisse d’Epargne et les deux jeunes vignerons créent la SCEA La Rochaimé en novembre dernier. Concrètement, la banque a acquis 95 % des parts du domaine et les vignerons les 5 % restants, sur leurs fonds propres.
Âgés de 27 ans, ils cumulent des expériences professionnelles en Champagne, en Corse et en Nouvelle-Zélande. Flora est titulaire d’un BTS viti-oeno et d’une licence de Sciences de la vigne, complétés par une formation de tractoriste. Clément arbore les mêmes diplômes, parachevés par un DNO.
Leur projet consiste à séparer le parcellaire en deux pôles et deux dénominations : Vignoble Saint-Arnoul et Domaine La Rochaimé, tous deux gérés par la SCEA La Rochaimé. Sous l’étiquette Vignoble Saint-Arnoul, ils cultiveront une vingtaine d’ha en conventionnel et produiront des bouteilles dédiées à la clientèle particulière habituée du domaine, et du vrac pour le négoce. Sous le nom Domaine La Rochaimé, ils façonneront des cuvées en bio destinées aux professionnels. “Nous avons obtenu une dérogation de l’Inao pour trois ans pour produire du bio et du non-bio sur l’exploitation”, indique Clément.
Cette stratégie imaginée par Flora et Clément et leur parcours ont séduit la banque. “Nous avions l’idée d’acquérir un domaine viticole depuis quelques temps. On l’a concrétisée avec ces deux jeunes passionnés. C’est une première pour nous”, indique Laurence Renaud, directrice de communication de la Caisse d’épargne Bretagne Pays de la Loire.
Un projet que la direction de la banque a tenu secret, y compris au sein de ses équipes, mais dont elle s’est ouverte auprès des agences locales de ventes de domaines. C’est d’ailleurs Alain Paineau de Vinea Transaction Val de Loire, en charge de la vente de l’exploitation, qui a mis en relation la banque et le jeune couple.
“Au départ, on envisageait d’être propriétaires seuls, même en s’endettant lourdement. Puis on a rencontré plusieurs investisseurs. La Caisse d’Epargne a été la seule à nous proposer ce deal qui nous permet à terme d’être à 100 % chez nous”, relate Clément.
Le contrat qui les lie à la banque prévoit qu’ils rachètent ses parts d’ici 5 à 7 ans. C’est à ce moment qu’elle engrangera les bénéfices de son investissement, en fonction de la valeur qu’aura pris l’exploitation. Entre temps, elle ne prévoit pas de toucher de revenu. “On nous laisse le temps de nous installer et de devenir rentable. A terme, on empruntera pour racheter les 95 % de la Caisse d’Epargne, mais logiquement nous serons dans une situation plus favorable pour le faire”.
La banque va activer son réseau pour aider les vignerons à vendre leurs vins. “Des dégustations sont prévues avec le personnel et des entreprises partenaires de la banque. On est associé. On a tous intérêt à ce que nos vins se vendent bien”, conclut Clément.
Officiellement cogérant de l’exploitation, le jeune couple a carte blanche pour la gestion quotidienne : la conduite des vignes et des vinifications, le marketing, la gestion des ressources humaines… Ils ne partagent que les prises de décisions financières avec leur associé, notamment celles relatives aux investissements en matériel ou en plantations. Avoir une banque pour investisseur unique leur facilitera sans doute l’obtention de prêts